Mar_Lard est une passionnée de jeux vidéo et participe au blog Cafaitgenre.org.
« Dans l’univers du jeu vidéo, la femme est méprisée. Le personnage féminin par excellence est une princesse en détresse que le héros a pour mission de sauver. Ça reste le scénario de base : la femme est secondaire et vulnérable. Elle est une récompense. De temps à autre, elle devient sujet. Ce n’est pas forcément un progrès. Les formes plantureuses, les morphologies irréelles inspirées des comics américains sont la règle. Quand on choisit un personnage masculin, on dispose d’une palette de caractères : il peut être malicieux, courageux…
Hôtesses en petite tenue
Pour un personnage féminin, ce sera sexy ou sexy. Le monde du jeu vidéo oublie que la moitié des joueurs sont des joueuses qui, pour la plupart, restent de marbre devant la prouesse technique permettant de faire rebondir les seins d’une héroïne. Les personnages masculins n’échappent pas aux stéréotypes. Ils sont virils et musclés. Ne nous y trompons pas, les abdos ne sont pas destinés à faire fantasmer les joueuses, mais à favoriser l’identification des joueurs. Tout est pensé comme s’il n’y avait que des hommes blancs et hétéros derrière les manettes. Dans les salons du jeu vidéo, la présence des hôtesses en petite tenue en dit long. Certains hommes voient dans le jeu vidéo leur dernier bastion : un espace où le sexisme s’exprime encore sans mauvaise conscience. Sous couvert du second degré et du ton subversif propres à la culture geek, tout est permis. Sur les forums de jeux en ligne, les femmes prennent un pseudo neutre et parlent au masculin pour éviter les humiliations. L’origine est à chercher du côté de l’industrie. Le métier de graphiste, le plus féminisé du milieu, compte à peine 20 % de femmes. Dans l’esprit de beaucoup, le joueur authentique (« hardcore gameur ») ne peut être une joueuse.Violentes crispations
Les petites filles ne sont pas mieux loties. L’offre pour enfants reprend la division classique du jeu par genre. Sur écran, une fillette a le choix entre Léa passion cuisine ou La maison du style. Sinon, elle devra incarner un personnage masculin. Révoltés contre cette inégalité, des papas ont hacké La Légende de Zelda pour réécrire les dialogues au féminin. Ces initiatives audacieuses sont à l’image des avancées qui touchent le monde du jouet. L’an dernier, Super U a ’’ dé-genré ’’ ses catalogues. Sur des pages qui ne sont ni roses ni bleues, des petites filles bricolent et des garçons pouponnent. Malgré des dizaines de courriers de protestations, l’enseigne renouvelle l’expérience cette année. Quand on s’attaque au jeu vidéo, les crispations sont plus violentes. Après la publication de mon dossier (1), j’ai reçu des menaces de meurtre, de viol et même de stérilisation ! Certains joueurs, qui se sont forgés une identité de sous-culture dénigrée, y ont vu une nouvelle tentative de décrédibilisation. Ils n’ont rien compris. C’est parce que j’aime le jeu vidéo que je veux le voir changer. » —(1) « Sexisme chez les geeks : pourquoi notre communauté est malade et comment y remédier »
Bibliographie du dossier
Le jeu de carte de la cohésion sociale
Le projet Transforming cultures de l’Institut Worldwatch
GTA IV, l’envers du rêve américain, Olivier Mauco (L>P, 2013) Le site de Game in society
Le site du Centre national du jeu
Le site de Jeux de traverse, boutique de jeux coopératifs
Une liste de règles de jeux coopératifs
Affichage : Voir tout | Réduire les discussions