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26-09-2013
Mots clés
Santé
France

Dans les Vosges, l’arnica s’est refait une santé

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Dans les Vosges, l'arnica s'est refait une santé
(Crédit photo : michael peuckert - imagebroker - biosphoto)
 
Dans le massif du Markstein, la précieuse cousine de la marguerite a failli disparaître. Et, avec elle, une filière cosméto-pharmaceutique qui pèse plusieurs millions d’euros. Sous haute surveillance, notamment aérienne, elle regagne doucement du terrain.
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ÉCOLOGIE SOCIÉTÉ ÉCONOMIE
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Aux premiers jours de l’été, sur les hautes chaumes du massif du Markstein, dans les Vosges, on se roulerait volontiers sur le tapis de fleurs jaunes qui frétillent au soleil. Ne comptez pas jouer les Heidi de carte postale. Car ce magot est, depuis cinquante ans, la chasse gardée des laboratoires pharmaceutiques et cosmétiques qui le surveillent comme le lait sur le feu. A 1 000 mètres d’altitude, l’arnica montana, cousine de la marguerite, pousse à foison. Les Boiron, Weleda, Wala et Lehning se servent sur ce site, l’un des plus grands d’Europe, qui suffit à garantir près des deux tiers de leur récolte annuelle. En 2013, 7 tonnes ont été prélevées par Boiron ; 850 kg par Weleda. Ces fleurs, tiges et racines contiennent le remède miracle contre les courbatures d’Emile après son cours de judo et les bleus d’Alice qui a chuté dans la cour. Granules homéopathiques, teintures mères, baumes, gels et préparations diverses, déjà connues de nos grands-mères, sont devenus des produits phares des labos tendance bio. Une semaine par an, en juillet, il faut cueillir une dizaine de tonnes de fleurs.

Les vaches dans la ligne de mire

Cette année, sur le Markstein, une cinquantaine de saisonniers s’étaient donnés rendez-vous à l’aube. Et, de mémoire de cueilleurs, personne n’avait jamais vu autant de fleurs depuis vingt ans. De quoi rassurer Bernadette, leur doyenne, venue depuis le village voisin du Haut du Tôt, qui a bien cru que l’arnica allait déserter le massif. « Autrefois, il y avait tant de fleurs qu’on ne voyait même pas son voisin, explique cette agricultrice qui récolte depuis vingt-cinq ans pour Weleda. Mais, petit à petit, c’est devenu plus clairsemé et des dizaines d’hectares ont disparu. » Trop convoitée, la fleur sauvage ? Une étude de l’université de Metz disculpe dès 2003 les cueilleurs. Mais pointe d’autres responsables : les vaches des plaines.

A partir des années 1980, l’urbanisation a en effet couvert les prés de fauche dans la vallée, poussant les agriculteurs vosgiens à convertir les hautes chaumes en zones de production fourragère. A coup de chaux et de crottes de mouton, les sols ont été alcalinisés pour favoriser la pousse du foin. L’arnica, elle, n’affectionne que les terres acides… Le bouton d’or a fini par devenir rare et la confection des pommades, menacée. Car l’arnica demeure un don fugace de mère nature : impossible de la cultiver. Jusqu’à ce que la protection de l’environnement n’entre en piste. A la fin de l’année 2003, le Parc naturel régional des Ballons des Vosges est intégré au réseau Natura 2000. Et la sauvegarde de l’arnica, excellente indicatrice d’une bonne biodiversité, fait partie des dossiers prioritaires. Des réunions de concertation démarrent entre les représentants du parc, les communes qui possèdent les terres et les acteurs économiques, comme l’Association vosgienne d’économie montagnarde (Avem) qui représente, entre autres, les cueilleurs et les laboratoires.

Il faut certes dépenser de la salive pour convaincre certains qu’une fleur peut se transformer en oseille. Mais les quatre communes haut-rhinoises d’Oderen, Ranspach, Metzeral et Fellering finissent par accepter que leurs quelque 150 hectares de terres de cueillette soient gracieusement prêtées aux agriculteurs pour qu’ils en assurent l’entretien. C’est moins de la moitié de la zone historique, mais la surveillance de l’arnica est garantie. Une convention est signée en 2007 (Lire ci-contre) et les rhizomes regagnent plus de terrain qu’espéré. « Cette année, on n’a même pas cueilli le tiers des plantes disponibles ! », constate Jean-Pierre Mehr, le chef de poste de la Brigade verte du Vieux-Thann (Haut-Rhin), chargée de la bonne application de la convention.

L’association Vosges développement – nouveau nom de l’Avem – espère désormais trouver de nouveaux débouchés. Avec le conseil général, elle a lancé, au printemps dernier, « FORê, l’effet Vosges », une gamme de produits locaux. Aujourd’hui, la filière de l’arnica, de la cueillette à la distribution, représente à elle seule « plusieurs millions d’euros, dans une filière phytothérapie et bio qui a la cote… », rappelle Valérie Auroy, sa chargée de mission.

D’autres labos sur les rangs Elle n’exclut d’ailleurs pas l’ouverture de la cueillette annuelle à d’autres laboratoires qui frappent à la porte. Mais cette fois, les scientifiques veillent. Le cabinet messin Esope (Etudes scientifiques en ornithologie et phytoécologie), missionné par le conseil général des Vosges, suit en effet depuis cinq ans l’impact de la cueillette sur une parcelle et met au point des outils, basés sur des photos aériennes, pour compter les fleurs et anticiper les prélèvements. Bouton d’or n’a plus de mouron à se faire. Gare aux bleus, l’arnica veille ! 


Passe ton permis de cueillette d’abord !

Pour gérer durablement l’arnica, une convention a été signée en 2007. Le cueilleur, s’engageant à un ramassage raisonné, doit avoir un permis et la commande officielle d’un laboratoire. Ce dernier doit, quant à lui, être transparent sur les volumes commandés. Les agriculteurs des terres ont, eux, interdiction de traiter par la chaux et de faucher avant que la plante n’ait été récoltée. L’an prochain, une nouvelle convention devrait voir le jour, intégrant une taxe pour les laboratoires sur les volumes prélevés. —

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