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30-09-2011
Mots clés
Finance
Développement Durable
France
Monde

Crise : les penseurs imaginent le monde d’après

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Crise : les penseurs imaginent le monde d'après
(Crédit photo : Julie Guiches - Picturetank)
 
Economistes, activistes et prospectivistes, tous développent des pistes pour accéder à cette société meilleure.
Le Baromètre de cet article
ÉCOLOGIE SOCIÉTÉ ÉCONOMIE
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1/ « FAIRE DIRE LA VÉRITÉ ÉCOLOGIQUE AUX MARCHÉS »

2/ « FAIRE UN AUDIT DES VRAIES RICHESSES »

3/ « EMPÊCHER LES BANQUES DE RECOURIR AUX ÉTATS »

4/ « RÉDUIRE À NÉANT LA DETTE PUBLIQUE ET PRIVÉE »

5/ « CRÉER DES ÉTATS-UNIS D’EUROPE »

6/ « DÉVELOPPER DES MONNAIES NON SPÉCULATIVES »

7/ « RENFORCER LA MIXITÉ HOMMES-FEMMES POUR MIEUX RÉAGIR »

8/ « FAIRE FONCTIONNER LA PLANCHE À BILLETS »

9/ « NE PLUS LAISSER LES ÉTATS EMPRUNTEURS À LA MERCI DES MARCHÉS »

10/ « EMPÊCHER LES AGENCES DE NOTER LES ÉTATS »

11/ « DÉMANTELER LA CULTURE DU CONSUMÉRISME


« FAIRE DIRE LA VÉRITÉ ÉCOLOGIQUE AUX MARCHÉS » Par Lester R. Brown*, président du Earth Policy Institute

« La mesure-clé pour restructurer l’économie est de faire dire la vérité aux marchés, c’est-à-dire de leur faire parler des coûts réels. Pour la question de l’énergie, cela signifie instaurer une taxe carbone qui reflète le coût réel des carburants fossiles, compensée par une réduction d’impôts sur le revenu. Pour nous engager sur une voie durable, il faut que les économistes calculent tous les coûts indirects et travaillent avec les élus pour les incorporer aux prix des marchés. (…) Quand nous disposerons de marchés qui disent la vérité, avec des prix reflétant les coûts réels de la consommation d’énergies fossiles, de la déforestation, du pompage excessif des nappes phréatiques ou de la surpêche, alors notre économie commencera à être rationnelle. Si nous parvenons à mettre sur pied un marché honnête, les forces de marché agiront rapidement sur l’économie mondiale de l’énergie. Cette remise à plat verra la réduction rapide de l’utilisation de charbon et de pétrole, et soudainement, l’éolien, le solaire et la géothermie nous paraîtront bien plus accessibles que les énergies non renouvelables. »

* Extraits de Basculement, comment éviter l’effondrement économique et environnemental (Rue de l’Echiquier, sortie le 6 octobre).

« FAIRE UN AUDIT DES VRAIES RICHESSES » Par Patrick Viveret*, philosophe et politologue, ancien conseiller à la Cour des comptes

« Pour refonder nos politiques publiques, il faut imiter les comptables : périodiquement, ceux-ci se livrent à l’exercice d’inventaire pour vérifier que les chiffres qu’ils manient correspondent bien au réel. Or, nos comptabilités nationales et les données sur lesquelles elles s’appuient sont coupées de la réalité. Parce qu’elles ne posent pas la question : quelles sont les vraies richesses et qu’est-ce qui ne l’est pas ? Ce n’est pas aux statisticiens en chambre, mais aux citoyens de répondre à ces questions. Cela leur permettra de prendre conscience qu’un certain nombre de richesses fondamentales – la santé, l’éducation, l’environnement… – sont oubliées, alors que des destructions sociales ou écologiques font grimper le Produit intérieur brut (PIB). Un audit des vraies richesses permettra aussi de réaliser que, dernièrement, les politiques d’austérité menées par les gouvernements sont un contresens économique et humain. Car en pratiquant des coupes claires dans les budgets sociaux, elles détruisent de vraies richesses au profit des fausses, portées par les marchés financiers. La commission Stiglitz sur la mesure de la performance économique et du progrès social, créée en 2008, le dit officiellement. Pourquoi n’est-elle n’est pas écoutée ? »

* Dernier ouvrage : De la convivialité (La Découverte, 2011).

« EMPÊCHER LES BANQUES DE RECOURIR AUX ÉTATS » Par Thierry Philipponnat, secrétaire général de Finance Watch*

« Les banques occidentales ne sont absolument pas préparées à affronter les problèmes financiers pour une raison simple : elles ont pris l’habitude d’appeler les Etats, donc les contribuables, au secours pour se recapitaliser en cas de pépin. Or, elles pourraient être infiniment plus solides en possédant des fonds propres plus importants. Mais la législation bancaire en vigueur, dite « Bâle II », est extrêmement laxiste en la matière : aujourd’hui, quand une banque prête 100 euros à un Etat ou une entreprise, elle est obligée de n’avoir que… 60 centimes de fonds propres en cas de perte. Comment pourrait-elle faire face à la moindre vaguelette avec si peu ? Et la réglementation « Bâle III », qui n’entrera pas en vigueur avant 2019, fera passer cette somme à 1,80 euro. C’est dérisoire ! Il faut augmenter drastiquement le pourcentage obligatoire de fonds propres pour que les banques perdent cette manie de se reposer sur les fonds publics. Des voix tout à fait sérieuses, comme celle d’Anat Admati, professeure à Standford, ou Martin Hellwig, du Max Planck Institute, pensent que l’exigence de fonds propres pourrait aller jusqu’à 20 % du total de leurs actifs. Donc, pour 100 euros prêtés, les banques devraient avoir provisionné 20 euros. C’est du bon sens, confirmé par l’analyse économique et financière. »

* Association visant à mieux réglementer la finance.

« RÉDUIRE À NÉANT LA DETTE PUBLIQUE ET PRIVÉE » Par Pierre Larrouturou*, économiste

« Quand on assiste aux déboires d’Obama avec la notation de Standard & Poor’s, on a l’impression que l’endettement des Etats est une fatalité tombée du ciel. On oublie que jusqu’à l’arrivée de Ronald Reagan aux affaires en 1981, ni les Etats-Unis, ni l’Europe n’avaient de dette. Parce qu’ils n’en avaient pas besoin ! L’endettement public n’existe que parce que les gouvernements ont anéanti les impôts des plus favorisés. Parallèlement, depuis les années 1980, alors que les salaires stagnent, que le chômage et le travail précaire explosent, on a encouragé les ménages à s’endetter encore et encore. La solution pour réduire la dette privée est donc de donner du travail correctement payé à tout le monde. Et pour oublier l’endettement public, d’imposer ceux qui en ont les moyens. Pas besoin d’aller bien loin : en France, supprimer les cadeaux fiscaux consentis depuis dix ans et revenir à la fiscalité de 2000 apporterait 100 milliards de plus dans les caisses – de quoi résorber la quasi-totalité du déficit public ! Aujourd’hui, les revenus du capital sont taxés à 16 %, contre 35 % pour les revenus du travail. Il suffirait qu’ils le soient autant l’un que l’autre pour que 40 milliards supplémentaires entrent dans les caisses. Si tous les pays en faisaient autant, ces histoires de dette ne seraient qu’un mauvais souvenir. »

* Elu Europe Ecologie - Les Verts. Dernier ouvrage : Pour éviter le krach ultime (Nova, 2011).

« CRÉER DES ÉTATS-UNIS D’EUROPE » Par Dominique Méda*, sociologue et philosophe

« Il faut évidemment engager, par étapes, une transition écologique et sociale, où l’emploi ne sera plus l’ennemi de l’environnement, où la qualité du travail passera avant sa productivité, ou la politique sociale sera la priorité. Mais on ne pourra rien faire seuls : la souveraineté doit être transférée à un échelon supérieur, sur une zone qui devienne un laboratoire social et environnemental, autrement dit des Etats-Unis d’Europe. On est obligé d’aller vite si l’on veut échapper à la destruction complète de nos conditions de vie et de nos paysages. »

Directrice de recherches au Centre d’études de l’emploi. Dernier ouvrage : Pour en finir avec ce vieux monde, les chemins de la transition (Utopia, 2011).

« DÉVELOPPER DES MONNAIES NON SPÉCULATIVES » Par Bernard Lietaer*, professeur à l’université de Californie

« La bonne nouvelle est que le sentiment général de pessimisme qui envahit le discours public et les médias en Occident pourrait ne pas être justifié. (…) L’abondance durable est possible. » Mais elle « ne peut se matérialiser qu’à la condition préalable d’un système monétaire durable lui aussi. En pratique, cela signifie compléter la monnaie Yang en vigueur, générée et contrôlée de façon centralisée et hiérarchiquement, avec des monnaies Yin créées directement par les gens. » Il y aurait plusieurs milliers de ces monnaies complémentaires, « dont l’émission se base sur l’égalitarisme, qui décourage l’accumulation et qui encourage la coopération entre ses utilisateurs ».

* Extraits d’Au cœur de la monnaie (Editions Yves Michel, 2011).

« RENFORCER LA MIXITÉ HOMMES-FEMMES POUR MIEUX RÉAGIR » Par Fabienne Margotteau, dirigeante du cabinet de recrutement Auréane Conseil

« C’est dans les situations de crise que la diversité en général, et la mixité hommes-femmes en particulier, sont les plus essentielles. Je ne me risquerais pas à dire que les femmes ont une sagesse ou une prudence qui manquent aux hommes – ce serait un stéréotype réducteur. Mais chacun d’entre nous a en lui un pôle “ masculin ” et un pôle “ féminin ”, et ce qui compte dans une entreprise, c’est la complémentarité entre ces deux pôles. On sait, et la crise l’a montré, qu’un homme ou une femme immergé dans un environnement “ unisexe ”, a tendance à se restreindre à un seul mode de pensée. Voilà pourquoi dans les instances directionnelles, il faut mélanger les vécus, les cultures. C’est comme ça que l’on changera les pratiques. »

« FAIRE FONCTIONNER LA PLANCHE À BILLETS » Par Stephane Hallegatte, économiste au Cired*

« Les plans de relance publics sont des outils éprouvés de sortie de crise, surtout quand la politique monétaire atteint ses limites comme aujourd’hui. Mais en Europe, les Etats sont paralysés par leur dette, et se montrent incapables d’agir. Une solution serait d’autoriser la Banque centrale européenne à créer de la monnaie, comme le fait la Fed aux Etats-Unis, pour racheter de la dette et permettre à l’Etat la mise en place d’un ambitieux plan d’investissement. Cela créerait des emplois et découragerait la spéculation. L’inflation augmenterait sans doute, mais ce n’est pas négatif car cela aiderait à apurer le système financier et à rapprocher les compétitivités européennes. Enfin, les investissements pourraient être tournés vers l’efficacité de l’utilisation des ressources naturelles et l’éducation, permettant de réorienter l’économie vers une trajectoire plus durable. »

* Centre international de recherche sur l’environnement et le développement. Dernier ouvrage : Pour une consommation durable (La Documentation française, 2011).

« NE PLUS LAISSER LES ÉTATS EMPRUNTEURS À LA MERCI DES MARCHÉS » Par Philippe Askénazy*, membre des Economistes atterrés

« Il est urgent de définanciariser l’Europe. Les Etats ne doivent plus dépendre des marchés financiers, de leurs frayeurs et de leur irrationalité quand ils ont besoin de prêts. Il faut que la Banque centrale européenne devienne le premier acheteur de dettes souveraines. Aujourd’hui, elle doit passer par le marché secondaire pour les racheter, c’est un non-sens. »

Dernier ouvrage : Les Décennies aveugles : emploi et croissance (Seuil, 2011).

« EMPÊCHER LES AGENCES DE NOTER LES ÉTATS » Par Michel Aglietta*, économiste

« Les agences de notation sont sans doute pertinentes pour évaluer les entreprises, parce que la performance d’entreprise est facile à mesurer et surtout, parce que la possibilité de faillite existe. Mais elles ne savent pas noter les Etats. Que signifie un Etat performant ? Que signifie un Etat en faillite ? Les peuples ne disparaissent pas d’un claquement de doigts ! Il faut donc exclure les agences de tous les contrats et prêts qui concernent les Etats, comme l’a d’ailleurs fait la Securities and Exchange Commission, le “ gendarme ” des marchés financiers américains. Pour les remplacer, il faut créer une entité publique indépendante, capable de juger les pays non pas selon des critères de performance entrepreneuriale – où la moindre dépense est regardée comme un coût –, mais selon leur capacité productive. Autrement dit, est-ce que les Etats font des investissements pertinents à long terme – dans l’éducation, la recherche, la santé… – ou bien des dépenses improductives ? »

* Conseiller scientifique au Centre d’études prospectives et d’informations internationales. Dernier ouvrage : La crise, les voies de sortie (Michalon, 2010).

« DÉMANTELER LA CULTURE DU CONSUMÉRISME Par Tim Jackson, professeur de développement durable à l’université du Surrey

« Le consumérisme s’est développé en partie comme un moyen de protéger la croissance économique alimentée par la consommation. Mais il encourage la compétition sociale improductive et il a des impacts psychologiques et sociaux dommageables sur la vie des gens. La culture du consumérisme est transmise par les institutions, les médias, les normes sociales et un ensemble de signaux, subtils et moins subtils, qui encouragent les gens à s’exprimer, à chercher une identité et à rechercher un sens à leur vie via les biens matériels. Démanteler ces structures d’incitants complexes exige une attention systématique aux innombrables façons dont elles sont construites. De toute évidence, il faut une réglementation plus stricte concernant les médias commerciaux. »

* Extraits de Prospérité sans croissance (De Boeck, 2010).

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  • C’est interessant mais ça nous eloigne trop de la lutte contre le rechauffement climatique qui nous a tant marqué ces dix dernières années mais qui ne fait plus partie du mainstream de l’utopie. Le plus interessant c’est l’article de Finance watch car c’est la premiere fois que les chiffres des minima bancaires sont publiés. Si ils sont vrais ils donnent le sentiment d’être faciles a augmenter. Une autre chose interessante est la position du cabinet d’audit Auréane Conseil sur la mixité parce qu’elle renvoie a l’affirmation de Martine Aubry jeudi dernier dans le dernier debat de la primaire socialiste lorsqu’elle a conclu le debat en disant "qu’elle voulait etre la premier femme presidente our mettre fin au sarkozysme.

    7.10 à 19h19 - Répondre - Alerter
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