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23-03-2012
Mots clés
Economie
Europe

Crise grecque : « Lorsque toute cette histoire a commencé, personne n’avait imaginé une telle issue »

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Crise grecque : « Lorsque toute cette histoire a commencé, personne n'avait imaginé une telle issue »
(Crédit photo : Spaceshoe - flickr)
 
Etudiants, chômeurs, enseignants… Des quatre coins du pays, des Grecs racontent ce que la crise a changé dans leur quotidien.
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ÉCOLOGIE SOCIÉTÉ ÉCONOMIE
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- Stella, 24 ans, vendeuse dans une chaîne de prêt-à-porter près de Thessalonique

« Jeune diplômée, je pense partir à l’étranger pour un meilleur avenir, pour essayer de chercher des opportunités que malheureusement mon pays ne peut plus m’offrir. Quand on a commencé à étudier, on avait tous des rêves, mais ces espoirs sont aujourd’hui déçus. Je conseillerais à tous ceux qui veulent partir d’oser le faire, même si cela risque d’être dur au début, car je considère qu’il n’y aura pas de croissance dans mon pays dans les dix ans à venir. Au moins, ils pourront dire qu’ils ont essayé. »

- Danaï, 23 ans, étudiante à Athènes

« Les mesures d’austérité sont nécessaires mais pas appliquées là où elles devraient l’être. Au lieu de viser les grands revenus, elles ciblent les pauvres et les chômeurs. »

- Marianna, 27 ans, au chômage à Athènes

« Les relations familiales comme toutes les relations d’ailleurs souffrent de la crise. L’image qui me vient en tête, ce sont les disputes au sein des familles qui sont incroyables, même pour des choses banales. Elles éclatent pour un chauffe-eau mis en marche forcé pendant les heures pleines ou encore parce que tu as acheté 15 pommes au lieu de 10 ! »

- Maria, au chômage, est retournée vivre chez ses parents

« Je suis chômeuse mais je ne touche plus mon allocation parce qu’il s’est écoulé un grand laps de temps pendant lequel je n’ai pas trouvé de travail. En fait ce sont mes parents qui m’entretiennent, ce que je n’assume pas très bien. Le pire, c’est le retour à la maison parentale. Les jeunes sont mis devant le fait accompli de leur échec à créer leur propre foyer. Le fait de retourner dans un environnement qui leur offre sécurité et affection reflète leurs faiblesses à s’occuper d’eux-mêmes.

Lorsqu’a commencé toute cette histoire de crise et de dette, personne n’avait imaginé une telle issue. On avait en tête comme une vague d’intempéries qui passerait en nous laissant intacts. Maintenant, le quotidien nous a montré son plus mauvais visage, nous n’attendions pas ça. Une des caractéristiques, c’est la présence à l’aube dans les déchetteries de déchets de presque chaque quartier de chômeurs, de retraités qui tentent de trouver n’importe quoi – des vêtements, de la nourriture – avant que les éboueurs ne passent. Les changements survenus dans le pays ont été tellement grands et soudains que le Grec moyen n’a pas eu le temps de réaliser combien il a perdu exactement dans son quotidien ni comment. Au final, le nombre de personnes qui pensent que notre pays est davantage tourmenté que si nous avions refusé de payer la dette n’est pas maigre. »

- Un journaliste de 33 ans, à Athènes

« C’est très compliqué d’expliquer à quelqu’un ce que cela veut dire de vivre dans un pays en crise : ne pas avoir d’argent pour acheter de la viande ou pour aller dans un restaurant sans que ton budget du mois soit détruit, ne porter que des vêtements vieux de cinq à dix ans, avoir des amis en dépression, dont des amis de 30 ans qui n’ont jamais travaillé nulle part, pas parce qu’ils ne veulent pas mais parce qu’ils n’ont pas trouvé d’emploi. »

- Yorghos, professeur d’université en France, revient régulièrement en Grèce, son pays d’origine. Il livre ses impressions après un voyage dans son pays natal

« En écoutant les gens, que ce soit des connaissances ou des rencontres fortuites, dans un café par exemple, on perçoit rapidement l’étendu du désespoir qui frappe la Grèce.

Je pense à une jeune femme diplômée de la prestigieuse Ecole polytechnique d’Athènes et embauchée par le ministère de l’Environnement depuis dix ans. Depuis les dernières mesures, elle a été rétrogradée (reculée de l’échelon B à l’échelon D) pour un salaire ramené à 600 euros, somme qui ne permet pas à une famille de manger, sans compter le prix du logement.

Je pense à une autre jeune fille de 26 ans, ingénieure en génie civil qui a fini par accepter un poste dans une société privée, rémunéré 500 euros brut par mois. Quel avenir peut-elle avoir ? On comprend aisément le sentiment de désespoir de la jeunesse et la fuite massive des diplômés vers l’Allemagne, l’Australie, n’importe où ailleurs qu’en Grèce. Tous cherchent une relation familiale, même lointaine, qui leur permettrait de s’échapper.

Un autre témoignage, poignant, illustre le désespoir ambiant. C’est le cas d’une jeune femme de 32 ans, avec deux enfants en bas âge. Suite à un divorce compliqué, elle s’est retrouvée seule et sans ressources. Elle a pourtant trouvé le courage de suivre une formation, avec succès, pour apprendre un métier. Les dernières réserves lui ont permis d’établir une activité libérale. Mais dans la situation actuelle, où tout se réduit au strict nécessaire, elle a réalisé que ce ne serait pas suffisant, en tout cas pas pour assurer un avenir à ses enfants. Le départ pour l’étranger s’est imposé comme solution. Elle a donc décidé de partir avec les deux enfants en bas âge et sa mère qui ne parle que grec ! L’absence de perspectives en Grèce rend toute autre solution préférable, quel que soient les difficultés envisagées.

J’ai connu la grande vague d’émigration des années 1950-1960. Je me souviens d’excursions à travers la campagne et la vision récurrente de villages fantômes. Cependant, à l’époque il s’agissait de personnes non-qualifiées, issues de l’exode rural qui quittaient massivement la Grèce, toujours avec le projet de mettre de l’argent de côté et revenir au pays.

Je ne sais si les garanties de gestion rigoureuse, imposées par l’Europe et les autres créanciers, afin d’accorder un prêt qui permet de rembourser le précédent, a vraiment un sens. Sûrement pas pour le Grec ordinaire, condamné aux rues entières avec les façades de boutiques fermées, en liquidation. »

Merci à Vincent Breton, lecteur responsable de Terra eco, pour son aimable participation au recueil et à la traduction d’une partie de ces témoignages.

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