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21-12-2006
Mots clés
Société
Europe
Asie Et Océanie

Coup de vieux

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Première mondiale : les populations du Japon et de l'Allemagne diminuent. Une catastrophe économique ? Pas forcément.
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Panique à Berlin : l’an dernier, l’Allemagne a perdu 50 000 habitants. A ce rythme, sa population devrait fondre de 25% d’ici à 2050, soit 20 millions d’âmes manquant à l’appel. Même décrue au Japon, qui devrait perdre 30 millions de ses citoyens. A l’origine de cette hécatombe, des indicateurs de fécondité au ras du plancher : 1,3 enfant par femme en Allemagne et 1,25 au Japon [1]. Et si les bébés se font rares, les seniors sont, eux, toujours plus nombreux. Un Japonais sur cinq est âgé de plus de 65 ans. En 2050, on devrait compter outre-Rhin deux fois plus de sexagénaires que de nouveaux-nés et 64 retraités pour 100 actifs, contre 32 aujourd’hui.

C’est la faute à Hitler

Outre-Rhin, tout est la faute à Hitler. "Longtemps, l’Allemagne a rejeté toute mesure lui rappelant la politique hitlérienne", note Claire Demesnay, chercheuse à l’Institut français des relations internationales (Ifri). Pas question d’encourager les naissances, au risque de faire resurgir les souvenirs d’une époque où les Nazis décoraient les ventres les plus féconds. "Et comme les jeunes hitlériennes étaient embrigadées dans des structures collectives, on a décrété, en réaction, que l’enfant devait être élevé dans les familles", ajoute Claire Demesnay. D’où la pénurie de crèches : 10 places pour 100 minots de moins de trois ans. C’est trois fois moins qu’en France. A ce complexe hérité de la Seconde Guerre mondiale, se superpose une conception bien tranchée de la maternité. En Allemagne, les femmes qui n’ont pas renoncé à leur carrière pour langer leurs bambins sont traitées de « rabenmutter », mères-corbeaux. Résultat : 22 % des Allemandes n’enfantent pas, contre 8 % des Françaises.

Moins marquée par la guerre, l’histoire du Japon se distingue par un baby-boom intense - 4,32 naissances par femme - mais furtif : de 1947 à 1949. Puis, l’âge du mariage ayant reculé et l’avortement étant largement autorisé, le taux de fécondité a brutalement chuté, de moitié. Problème, aussi bien au Japon qu’en Allemagne, la diminution de la population menace l’équilibre des caisses de retraite et de santé.

Faites des bébés !

Alors, que faire ? Première piste : inciter à la procréation. En Allemagne, la nouvelle ministre de la Famille, Ursula Von der Leyen, a brisé le tabou de la politique nataliste. Mère de sept enfants, elle pose régulièrement dans les magazines avec sa progéniture pour clamer qu’on peut allier vie professionnelle et familiale. Ses mesures phare : le versement, dès 2007, d’une allocation équivalant à 67 % du salaire pour le parent qui se dédie pendant un an à son nourrisson. Ainsi qu’un plan de développement des garderies.

Deuxième parade : favoriser le travail des femmes pour gonfler les rangs des actifs. Une option privilégiée par l’archipel nippon, où le taux d’activité féminin est faible. Mais, malgré l’adoption de lois incitatives, plus de la moitié des Japonaises restent au foyer. Troisième échappatoire : recourir à l’immigration. Attention, sujet sensible. Pour l’heure, Berlin se contente d’œuvrer à l’intégration de ses étrangers afin de les aider à décrocher un emploi. Et Tokyo ouvre timidement ses frontières aux travailleurs qualifiés.

Laboratoire de seniors

Dernière solution : remettre les vieux au labeur. L’âge de la retraite a été retardé à 67 ans en Allemagne et à 65 ans au Japon. En manque de personnel, les entreprises nipponnes battent déjà le rappel de leurs ex-salariés. "Elles adaptent les postes de travail au grand âge en s’équipant par exemple d’écrans d’ordinateurs munis de zooms pour les déficiences visuelles", détaille Evelyne Dourille-Feer, économiste au Centre d’études prospectives et d’informations internationales (Cepii).

Cependant, vieillissement ne rime pas forcément avec calamité. "Le Japon a transformé ce fardeau en dynamique d’innovation, rapporte Evelyne Dourille-Feer. Il construit un nouveau modèle de développement qui n’est plus basé sur la productivité à tout prix mais sur la recherche du bien-être personnel, mieux adapté à une société vieillissante." Le modèle nippon privilégie les secteurs de pointe, qui exigent moins de bras et plus de neurones. Autre créneau prometteur, les marchés de la vieillesse : les services à domicile (livraison, lecture, pressing, soins) et la production de médicaments, de robots et de voitures pour les aînés. Sans oublier les logements sécurisés, où effectuer par exemple des analyses sanguines. "En avance sur ce secteur, le Japon est devenu le laboratoire mondial du vieillissement, assure Evelyne Dourillle-Feer. Bientôt, il pourra exporter ce savoir-faire vers les pays industrialisés vieillissants."

[1] En France, l’indicateur de fécondité s’élèveà 1,9 enfant par femme.

Sources de cet article

Le site de l’Institut français des relations internationales (Ifri)

Le site du Cepii

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1 commentaire
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  • parvus : Coup de vieux

    faut il voir dans la baisse générale de la natalité une calamité ?
    la terre a beaucoup de difficultés à nourrir ses bientot 7 milliards d’habitants .
    une deflation de la natalité est une bonne chose pour les générations futures ...il reste une difficulté à resoudre....
    la retraite de cette génération de vieux (dont je fais partie).parvus

    3.06 à 07h19 - Répondre - Alerter
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