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7-10-2011
Mots clés
Climat
Monde

Conférence de Durban : « Elle s’annonce difficile »

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Conférence de Durban : « Elle s'annonce difficile »
(La conférence de Cancun en décembre 2010. Crédit photo : UNFCCC)
 
A Panama, 200 pays se sont réunis avant la conférence. Un sommet qui s'annonce mal tant la situation est bloquée, selon Pierre Radanne de Futur Facteur 4.
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C’était le dernier round avant la conférence internationale sur le climat qui se tiendra à Durban à partir du 28 novembre prochain. Un dernier round peu concluant. Les délégations de près de 200 pays se sont réunies du 1er au 7 octobre à Panama sous l’égide des Nations unies. Mais celles-ci peinent encore à s’entendre sur une seconde période d’engagement du protocole de Kyoto comme sur la contribution à un fonds vert destiné à aider les pays en développement à s’engager sur une voie vertueuse. Pour Pierre Radanne, fondateur de Futur Facteur 4 et négociateur international du climat, la situation est bloquée.

Terra eco : Le sommet de Copenhague avait déçu la communauté internationale. Depuis, la situation ne semble guère s’améliorer. Que se passe-t-il ?

Pierre Radanne :  Quand Bush est parti et qu’Obama est arrivé, on était assez confiant. Notamment parce qu’Obama avait fait des déclarations d’une grande clarté en faveur du changement climatique. Le problème, c’est que les Etats-Unis ont toujours refusé les systèmes d’obligations et de sanctions sur la scène internationale. C’est pour cela qu’ils n’ont pas ratifié le protocole de Kyoto et a fortiori qu’ils ne signeront pas pour une deuxième période. Malgré cela, à Copenhague, ils avaient dit qu’ils agiraient, qu’ils passeraient une loi au Congrès qui vaudrait engagement sur la scène internationale. Tout le monde a protesté. Mais après tout, s’ils étaient prêts à faire des choses… Sauf qu’en novembre 2010, les élections de mi-mandat ont envoyé une majorité républicaine à la Chambre des représentants. Les Etats-Unis, contrairement à ce que tout le monde pense en France, ne sont pas un régime présidentiel mais parlementaire. Quand il n’y a pas de majorité entre les deux assemblées, le système est bloqué.

Et d’autres pays ont suivi les Etats-Unis…

Le groupe des pays industrialisés avait déjà volé en éclats à Copenhague. Les choses n’ont pas pu se rabibocher à Cancún (lieu de la conférence sur le climat en 2010, ndlr). On s’est retrouvé avec un très petit nombre de pays en faveur d’un texte contraignant : l’Union européenne, la Norvège, la Suisse, la Suède… La présidence mexicaine a bien essayé de faire quelque chose mais on n’a pu arriver qu’à un accord avec le plus petit dénominateur commun. Aujourd’hui, les objectifs de réduction d’émissions sont relégués dans l’annexe de la décision de Copenhague. Mais les pays sont libres d’appliquer ou non ces chiffres qui comportent des asymétries gravissimes. Certains pays se sont notamment fixé des objectifs extrêmement faibles. Le Canada reste même sur une valeur non pas de réduction mais d’augmentation des émissions par rapport à 1990, tellement ils ont dérapé.

Qu’en pensent les pays en développement et émergents ?

Bien sûr la situation leur déplaît. Ils campent sur une position d’une extrême fermeté et bloquent actuellement les négociations. Parce qu’ils ont l’espoir qu’en bloquant, ils forceront les pays à revenir à la table des négociations.

La situation peut-elle évoluer ?

Aux Etats-Unis, on est à nouveau à la veille d’une élection présidentielle (en novembre 2012, ndlr). Mais il y a peu de chances qu’on se retrouve avec une majorité aux deux Chambres qui soit favorable à la lutte contre le changement climatique. Les Républicains sont arc-boutés contre Kyoto qui leur semble très défavorable aux intérêts américains.

Et même s’il y avait une majorité au Congrès, il faudrait du temps avant que celui-ci délibère et prenne une décision. On ne peut sans doute s’attendre à rien avant 2014. Et si le Congrès change encore, l’échéance pourrait bien être repoussée ainsi de deux ans en deux ans. Le problème est que la prochaine période d’engagement commence en 2020 et qu’il faut pour celle-ci débuter les négociations en 2015… Si on se rapproche trop de l’échéance, les Etats-Unis n’auront pas de marge de manœuvre pour revenir sur les accords.

Quels progrès peut-on néanmoins espérer de Durban ?

A Durban, l’objectif n’est pas de revenir sur les accords de Cancún. Mais de finaliser certains éléments. Notamment le fonds vert pour le climat. Une décision formelle a été prise à Cancún. Il faut maintenant mettre en place des instances pour que ça tourne. Or, du fonctionnement du fonds dépend l’engagement des pays en développement. Pour que ceux-ci empruntent un chemin de développement inédit dans l’histoire, pour qu’ils sautent l’étape d’une consommation forte d’énergies fossiles et passent directement aux énergies renouvelables tout en assurant le développement de leur population, ils ont besoin d’argent.

Le problème c’est qu’entre temps, la crise économique et financière est revenue sur le devant de la scène. Les pays industrialisés sont aux abois, ils ne veulent plus mettre d’argent dans les caisses d’un fonds vert. Du coup, on s’approche de Durban sans qu’il y ait eu la moindre avancée sur les questions de financement. La conférence s’engage très difficilement.

Peut-on malgré tout avancer sans un accord ?

Il faudrait que les pays industrialisés passent suffisamment à l’action pour que, chemin faisant, on se retrouve avec un processus recrédibilisé. Ainsi quand la situation politique redeviendrait propice, notamment aux Etats-Unis, les négociations pourraient reprendre. Cela pourrait redonner souffle au processus. De l’autre côté, on peut travailler avec les pays en développement pour monter des projets. Heureusement des gens comme nous le font déjà. On se sert pour cela de l’argent dévolu à l’aide au développement et on l’oriente vers des questions de climat, d’énergie. Cela permet de maintenir une progression millimétrique. Même si évidemment ce n’est pas suffisant. Pour l’instant, il y a un verrouillage politique et un manque d’argent. Les négociations ne peuvent avancer que par le bas.
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