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28-02-2012
Mots clés
Consommation
France

Eh bien, troquez maintenant

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Eh bien, troquez maintenant
(Crédit photo : aidan_jones - flickr)
 
Internet rend le troc plus facile que jamais. Une manière de consommer sans accumuler qui dépasse désormais le cercle des militants.
Le Baromètre de cet article
ÉCOLOGIE SOCIÉTÉ ÉCONOMIE
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Vous n’avez que faire de la fourrure héritée de votre grand-mère qui encombre votre penderie, mais auriez bien besoin d’une bonne tronçonneuse pour élaguer le sapin de votre jardin. Ne désespérez pas, une solution s’offre à vous : le troc.

Internet donne aujourd’hui un nouvel essor à cette technique d’échange millénaire. Les acteurs se multiplient, les business models aussi. « L’Internet en tant que réseau permet de multiplier les contacts entre personnes, génère la confiance plus rapidement et facilite la prise de décision entre inconnus. Une fois la prise de contact et la négociation effectuées, l’échange peut avoir lieu dans la vraie vie », explique ainsi Vincent de Montalivet, co-fondateur de Myrecyclestuff.com.

Sa start-up tente de s’imposer en France, en misant sur la communauté et la rencontre. « Nous avons une vraie vision communautaire du troc : le système et l’algorithme ont été conçus pour permettre aux utilisateurs d’échanger avec des personnes à proximité. Sur notre site, dans 80% des cas, le troc est permis par la rencontre. »

« Renouvelez gratuitement votre dressing »

D’autres services mettent davantage l’accent sur la praticité et le troc de même types de biens pour faciliter la lisibilité chez l’utilisateur. « Renouvelez gratuitement votre dressing. Un article envoyé, un article reçu en retour », annonce ainsi pretachanger.fr. Dans le contexte actuel, la promesse est alléchante… Benjamin Augros, co-fondateur de Pretachanger a eu l’idée de créer ce site en fin d’étude à l’école de management de Grenoble : « J’ai réalisé mon mémoire de fin d’études sur le lancement d’un site de troc innovant. J’ai étudié les sites de trocs existants pour me rendre compte que le problème principal est la friction – il est compliqué de se mettre d’accord pour troquer deux biens différents. Pour résoudre ce problème, nous avons mis au point un algorithme qui permet de mettre en place des boucles d’échange. »

Concrètement, comment cela se passe-t-il ? Au moment de l’inscription, on est amenés à renseigner les vêtements qui nous intéressent et à proposer les siens. Dès qu’une boucle de troqueurs est obtenue – en clair que les besoins et propositions de plusieurs personne se complètent – l’échange est réalisé.

Monnaies complémentaires

Pour mettre de l’huile dans les moteurs du système, certains de ces services ont, ou vont, introduire une unité de compte pour fluidifier les échanges et permettre de profiter d’une offre plus large. Kiditroc (troc de vêtements pour enfants) par exemple, va introduire des points d’échange. GuestToGuest (échange de maisons) a également mis en place un système de GuestPoints, explique Emmanuel Arnaud, son fondateur : « Les points permettent de multiplier les échanges. Il suffit de trouver des gens qui veulent bien vous accueillir pour pouvoir partir. De votre côté, vous gagnez des points quand des personnes utilisent votre maison. »

Le système de points rentre également dans le business model : « A terme, une petite fraction des GuestPoints seront vendus. Ainsi, si vous accueillez autant que vous partez, vous n’achèterez jamais de GuestPoints, mais si vous partez plus que vous n’accueillez, vous aurez besoin d’acheter des GuestPoints. »

Avec Internet, la négociation obsolète

Avec Internet, la pratique du troc évolue en rendant obsolète une dimension majeure du troc : la négociation. La phase de négociation avait deux rôles distincts :
- Elle permettait de différencier le troc du don.
- En l’absence de monnaie métallique, elle permettait de fixer la valeur du bien.

Dans le cas de Kiditroc et de GuestToGuest, la valeur des biens proposés étant connue à l’avance et les points d’échange cumulables, la négociation n’a plus lieu d’être. Le système de points fait donc office de « tiers homogénéisant ». Dans le cas de Pretachanger.fr, l’ingéniosité vient des boucles d’échange. Sans compter que l’offre de troc s’est considérablement élargie avec le développement d’Internet : on trouve aujourd’hui plus facilement ce que l’on cherche sans avoir à négocier.

Le troc, signal faible ?

De part sa logique, le troc ne concerne pas les mêmes biens que d’autres formes de consommation collaborative. On a ici affaire à des objets qui ont une durée d’utilisation relativement courte par rapport à leur durée de vie (vêtements, articles de sport, livres). Il se développe et se démocratise : il pourrait, dans les prochaines années convaincre de nouvelles franges de la société. Vincent de Montalivet, de Myrecyclestuff, nuance cet engouement : « Pour la majorité des personnes, le troc reste perçu comme un moyen alternatif, une activité préhistorique qui n’a pas d’avenir. »

Justement, les nouveaux modèles mis en place (boucle de troqueurs, unité de compte) seraient-ils la solution ? Une évidence même pour Marina Calmes, responsable marketing et communication de Pretachanger : « Chez nous, l’algorithme est le cœur du service, c’est ce qui permet d’organiser des boucles d’échange et de les démultiplier. C’est l’efficacité et la simplicité qui sont recherchées et l’assurance de trouver quelque chose en échange de ce qu’on propose : nous permettons cela. »

Après six mois d’activité, Pretachanger compte aujourd’hui 8 000 inscrits et 32 000 articles disponibles et envisage de se développer sur d’autres univers : « Nous allons rapidement proposer des articles de puériculture et high-tech notamment. »

Un contexte porteur

Le contexte économique, mais également écologique et social, actuel s’avère favorable au développement d’initiatives autour du troc. Karina Benamer, planneuse stratégique digitale l’expliquait ainsi dans Influencia : « Il faut croire que le troc n’est pas dénué de valeurs. Au-delà de répondre à un besoin d’usage, il réinjecte de la solidarité, de la responsabilité sociétale tout en surfant sur la tendance de l’upcycling. »

Une aubaine pour des marques et des distributeurs en quête de nouvelles relations de confiance. Decathlon avec son Trocathlon, les accorderies soutenues par la fondation Macif, Castorama et lestrocheures (qui propose du troc de compétences en partageant des heures de bricolage) ou encore Intermarché avec sa plateforme sur Facebook Family Troc, les exemples se multiplient. Récupération ? Pas nécessairement, estime Vincent de Montalivet : « Pour les distributeurs, le troc est un moyen de se différencier , et de renforcer la “fidélisation”. »

Le troc peut-il remplacer l’argent ?

La question a de quoi faire sourire… mais le retour en force du troc comme pratique commerciale n’est pas anodin : cela témoigne de la remise en question du rôle de l’argent comme catalyseur d’échanges et donc créateur de lien social. Se poser cette question, c’est d’ores et déjà reconnaître que l’on peut, dans la vie de tous les jours, utiliser différentes formes de pratiques commerciales.

Qu’il soit utilisé comme levier marketing ou comme alternative aux modes de consommation actuels, le troc redevient un comportement de consommation légitime et une pratique commerciale à part entière. Cette résurgence du troc est sans conteste un de ces signaux faibles de notre monde en transition. A surveiller donc…

Cet article d’Edwin Mootoosamy et d’Antonin Léonard a été initialement publié le 28 février 2012 sur le blog de la consommation collaborative. Un média collaboratif sera créé dans le prolongement de ce blog dans le courant 2012 par la communauté OuiShare.

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De la voiture partagée au booksurfing, Antonin observe et dissèque les nouveaux modèles de consommation de l’ère numérique. Il anime le blog de la consommation collaborative.

Passionné par les nouveaux usages d’Internet, Edwin Mootoosamy s’intéresse aux mutations socio-économiques en général et à l’économie collaborative en particulier. Il a toujours été intrigué par les modèles culturels différents qui nous font prendre du recul par rapport à nos choix quotidiens.

3 commentaires
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  • EcoBusinessAngel : Eh bien, troquez maintenant

    Bonne synthèse d’un mouvement de fond qui remet l’argent à sa place, en privilégiant l’échange entre humains...
    Existe-t-il une manifestation, un colloque sur ce thème dans les prochains mois ?

    Etant président du Club des Eco Business Angels, je peux en parler à nos réseaux.

    29.02 à 06h50 - Répondre - Alerter
    • Dommage que cet article ne parle pas des S.E.L. (Système d’Echange Local) qui existent depuis une vingtaine d’années en France....

      29.02 à 08h56 - Répondre - Alerter
      • Attention les SELs sont des systèmes de monnaies locales et alternatives.
        Dans le troc il n’y a pas de monnaie a priori.
        C’est vrai que la création de "points" (guestpoints par exemple) élargit le troc et y fait entrer la dimention monétaire. Mais dans ce cas c’est donc un système hybride "troc+monnaie alternative".

        Dans cette économie alternative, il faut s’attendre, de toutes façons, à pas mal d’innovations et de diversité comme cette hybridation. Et c’est probablement une bonne nouvelle, on aura d’autant plus de chance de rouver le mode qui convient à chacun de nos besoins !

        1er.03 à 09h11 - Répondre - Alerter
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