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25-03-2004
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Environnement
Société
Europe

Climat : la foire au carbone (suite)

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Exit le débat, exit les ONG

...Compte tenu des délais, la France par exemple, rendra sa copie avant même d’avoir consulté le public sur la question. C’était pourtant une exigence de la Commission. Le ministère de l’Ecologie promet que les Français seront consultés... en avril, sur son site Internet. Exit le public, exit les ONG. "Nous avons été invités à une seule réunion. Nous n’avons rien pu savoir des négociations en cours, alors que les industriels sont consultés régulièrement depuis un an. Il n’y a aucune transparence", souligne Edouard Toulouse du WWF France.

Négociations tendues

Du reste, à moins de deux semaines de l’échéance, personne n’était capable de prévoir l’issue des négociations. Ni au ministère de l’Ecologie, censé mener les discussions, ni à celui de l’Industrie. "Il y a une forte opposition entre les deux ministères", confie un spécialiste impliqué dans les discussions. L’Ecologie veut limiter strictement l’enveloppe de quotas en circulation, dans l’esprit de la directive européenne et du protocole de Kyoto. L’Industrie veut rendre le système le moins contraignant possible pour les entreprises françaises.

L’industrie chouchoutée

Selon l’ONG Greenpeace, qui s’est procurée une version provisoire du texte, les industriels ont emporté la première manche : ils pourront émettre un total de 105 millions de tonnes de CO2 par an entre 2005 et 2007. « Alors qu’ils avaient naturellement réduit leurs émissions de CO2 dans les années 90, le document leur accorde, en moyenne, une augmentation entre 2001 et 2007 », déplore Laetitia De Marez, chargée de mission climat à Greenpeace. « Compte tenu de nos efforts passés et de notre croissance à venir, nous les raffineurs avons demandé des quotas pour 20 millions de tonnes par an, contre 18 actuellement », confirme et justifie Patrice Chevy, le coordinateur sécurité et environnement du groupe BP France.

Pollution versus délocalisation

En Allemagne, le syndicat des patrons, le BDI, appuyé par le ministère de l’économie, s’est violemment opposé aux exigences du ministre de l’environnement Jürgen Trittin. A Bruxelles, la Commission dit avoir subi un lobbying intense de la part l’Unice, qui regroupe les fédérations patronales de l’Union européenne. Partout, les représentants des industriels font valoir qu’un PNAQ trop sévère leur coûterait cher. Certains, exposés à la concurrence internationale, redoutent de se faire tailler des croupières par leurs concurrents américains, australiens ou russes. Leurs pays ayant rejeté le protocole de Kyoto, ces entreprises ne seront effectivement pas soumises aux mêmes contraintes que les Européens. "Soyons clairs : nous pensons que la réduction des émissions de CO2 est un but louable. Mais nous avons des comptes à rendre à nos actionnaires...", confie un cadre du groupe de sidérurgie Arcelor. L’entreprise dénonce "l’acharnement" dont son secteur "déjà fragile" est victime. Elle a déposé un recours contre la directive européenne devant la Cour de Justice du Luxembourg, et distille des menaces de délocalisation.

Les vertueuses n’ont pas la parole

Ce sont pourtant les entreprises qui ont demandé la mise en place du marché du CO2. Elles voulaient coûte que coûte éviter la mise en place de lois contraignantes ou, "pire" d’une taxe sur le CO2. D’ailleurs, toutes ne cherchent pas à faire capoter le projet européen. Ainsi le groupe pétrolier BP a mis en place en interne un marché mondial de permis d’émissions de gaz à effet de serre. Et en tire un bilan flatteur : moins de pollution, à moindre coût, et une entreprise plus performante. En France, des participants aux négociations soulignent que Total, Veolia ou Lafarge (ciments) ont réellement pris la mesure de l’enjeu de l’effet de serre. De grands groupes se sont sincèrement engagés à réduire leurs émissions de CO2, notamment dans le cadre de l’Association des entreprises pour la réduction de l’effet de serre (AERES). "Malheureusement ceux-là ne prennent pas la parole. Résultat, on n’entend que les opposants au système", note Rob Bradley, chargé de mission du Climate Action Network à Bruxelles.

La Commission veille

Certes, tout n’est pas perdu, car la Commission européenne veille au grain. Et Jos Delbeke, le directeur de la DG environnement menace : "Nous avons le devoir de faire appliquer Kyoto. Les Etats doivent donc limiter leurs émissions. Nous ne les laisserons pas attribuer trop de quotas à leur industrie. Ils ne pourront pas nous raconter n’importe quelle histoire".

Gestion de boutiquiers

Malgré tout, bien des observateurs se disent pessimistes. "A gérer cette affaire comme des boutiquiers, on risque d’aboutir à un système sans consistance économique et sans efficacité environnementale", s’inquiète Olivier Godard, directeur de recherche au CNRS. "Certains industriels font le pari qu’en traînant les pieds, ils feront s’effondrer le système, puis le protocole de Kyoto", constate Edouard Toulouse, du WWF France. "Mais c’est un très mauvais calcul. Car chaque jour les études montrent que le changement climatique est un fait, et que ses conséquences seront fortes. Si le marché européen du CO2 ne se fait pas, si Kyoto ne se fait pas, il faudra les remplacer par d’autres systèmes, bien plus contraignants. Ces industriels auront perdu une occasion de s’adapter progressivement".

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