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21-11-2012
Mots clés
Monde
Interview

Climat : « Nous nous orientons vers un réchauffement de 3,5 à 4 degrés »

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Climat : « Nous nous orientons vers un réchauffement de 3,5 à 4 degrés »
(Crédit photo : tylercorder - flickr)
 
La Banque mondiale redoute une hausse de la température mondiale moyenne de 4 °C dès 2060. L'économiste Stéphane Hallegatte décrypte les risques d'un tel scénario.
Le Baromètre de cet article
ÉCOLOGIE SOCIÉTÉ ÉCONOMIE
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Stéphane Hallegatte est économiste et chargé de mission à la Banque Mondiale.

Terra eco : Dans un rapport publié lundi 19 novembre, la Banque mondiale alerte sur le risque d’un réchauffement de la planète de 4 degrés. Faut-il en conclure que l’objectif qui prévalait jusque-là, à savoir ne pas dépasser un réchauffement de « seulement » 2 degrés, n’est plus atteignable ?



Stéphane Hallegatte : Cet objectif est effectivement très mal embarqué. Même si l’ensemble des pays a reconnu collectivement ce plafond à ne pas dépasser, la somme des efforts individuels mis en place ne permet pas d’y arriver. Il faudrait que les émissions de gaz à effet de serre commencent à décroître à l’échelle de la planète dès 2020 pour ne pas dépasser la barre des 2 °C de hausse de la température, or nous sommes aujourd’hui dans une tendance de nette hausse des émissions. Si bien que nous nous orientons aujourd’hui vers un réchauffement de 3,5 à 4 degrés à l’horizon 2100.


A quoi ressemblerait un monde plus chaud de 4 °C ?

Il faut d’abord noter que c’est un monde que l’on connaît mal. Aller vers un monde à +4 °C, c’est aller vers l’inconnu car plus le réchauffement est important, plus ses conséquences sont difficiles à anticiper. Le rapport publié ce lundi liste les impacts qui sont déjà connus, notamment des vagues de chaleur bien plus fréquentes. Une canicule comme celle de l’été 2003, considérée aujourd’hui comme une exception, risque de devenir un été normal d’ici à la fin du siècle. Ce rapport montre aussi que ce sont les pays les plus pauvres qui seront les plus touchés, notamment les pays tropicaux. Le réchauffement climatique ne pose donc pas seulement un problème environnemental, c’est aussi un obstacle au développement économique et à la lutte contre la pauvreté. A l’inverse, les mesures permettant de limiter le réchauffement climatique sont aussi des mesures qui permettent le développement économique, comme nous l’avions montré dans un précédent rapport en mai 2012.


Quelles sont ces mesures qui s’imposent ?

Il faut privilégier les actions qui sont positives à la fois pour lutter contre le changement climatique et contre la pauvreté. Je pense notamment à supprimer les subventions à la consommation d’énergie. Il y a, dans les pays en développement, plus de 1 000 milliards d’euros de subventions de ce type chaque année qui favorisent le gaspillage et sont principalement versées aux plus riches. Il faut les supprimer. Je pense aussi à la possibilité d’amener l’électricité par réseau à des gens qui n’en ont pas et qui utilisent des générateurs au diesel ou des piles.


Quitte à subventionner des centrales au charbon, comme cela a été reproché à la Banque mondiale ?

Le point de vue de la Banque mondiale à ce sujet est clair. Elle a augmenté ses investissements dans les énergies renouvelables, et cherche à privilégier ces sources d’énergies. Mais dans certains cas, quand les énergies renouvelables sont très chères et qu’il y a des problèmes d’accès, il arrive que la Banque Mondiale subventionne du charbon. Toutefois, il faut rappeler ce qui est urgent dans les pays en développement. Si l’on construit une centrale à charbon pour aider une région, on pourra la remplacer à terme par d’autres sources d’énergie. Mais si l’on laisse les villes s’étendre et s’organiser autour du transport en voiture, on ne pourra plus revenir en arrière. L’urgence est donc de développer de manière raisonnée les infrastructures et notamment les transports en commun.


Toutes les mesures que vous citez concernent les pays dits en voie de développement. Quelles sont celles que vous préconisez pour les pays dits développés ?

Les pays développés ont effectivement un immense rôle à jouer. J’aime rappeler certains ordres de grandeur sur ce sujet. Pour compenser les émissions de gaz à effet de serre entraînées par la fourniture d’électricité aux 1,3 milliard d’êtres humains qui en sont privés aujourd’hui, il suffirait d’imposer au parc de véhicules américains les mêmes normes que celles qui sont appliquées en Europe. Le potentiel d’action est énorme dans les pays développés, notamment via des normes plus strictes, une fiscalité environnementale et une augmentation du coût de l’énergie.


La prochaine conférence sur le climat à Doha peut-elle faire avancer les choses dans le bon sens ?

Cette conférence comporte deux volets. Le premier doit permettre de préserver ce qui existe aujourd’hui, c’est-à-dire le protocole de Kyoto. Celui-ci a été critiqué mais il comporte des outils efficaces. Le second volet doit nous amener à préparer le successeur de Kyoto, qui sera acté en 2015. Les résultats de Doha ne seront pas spectaculaires, mais seront très importants.


On sent un énorme décalage entre les faibles attentes pour cette conférence et l’urgence que vous décrivez. Il faudrait avoir changé d’ère en 2020, et pourtant les premières décisions ne devraient venir au mieux qu’en 2015…

C’est tout le problème de cette course contre la montre. Aujourd’hui, nous vivons des avancées majeures, que ce soit dans la prise de conscience du problème comme au niveau technologique. Mais ces avancées sont-elles assez rapides ? La lenteur du processus onusien doit nous inviter à agir sans attendre un éventuel accord international parfait. Et en Chine, en Afrique du Sud, aux Etats-Unis les choses bougent déjà.


Et en France ?

La France se cherche aujourd’hui. La question de la fiscalité environnementale a été mise sur la table, sans plus de précision, il est donc assez difficile de se prononcer. La France n’a pas à s’autoflageller, mais de gros efforts s’imposent pour engager la bifurcation. La France a par exemple identifié un énorme problème d’étalement urbain sans pour autant prendre les mesures qui s’imposent. Il faut pourtant montrer la voie : il n’y aura d’accord international sur le climat en 2015 que si les pays riches font leurs preuves d’ici là, en montrant qu’ils travaillent et qu’ils réussissent.
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Non, nous n’avons pas à « sauver la planète ». Elle s’en sort très bien toute seule. C’est nous qui avons besoin d’elle pour nous en sortir.

21 commentaires
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  • lamoule : Natürlich

    Si très rapidement, on ne construit pas des centrales nucléaires partout dans le monde

    26.11 à 18h43 - Répondre - Alerter
  • Ne nous déplaise, la sélection naturelle poursuit son chemin pour tous les êtres vivants : animaux, végétaux,...

    Partant du point où nous en sommes arrivés, le mieux qui puisse arriver pour le vivant est une rapide hausse des températures moyennes, qui apporterait misère, désolation, guerres, etc... pour l’espèce humaine..... ce qui réduirait drastiquement l’infestation de la population de cette espèce prédatrice et polluante, et augmenterait les chances d’évolution/adaptation de plein d’autres espèces qui occuperaient alors les espaces libérés...

    En tout cas, les conférences inutiles et le mythe de la "croissance à l’infini" pour 9 ou 10 milliards de sapiens, nous met dans cette intéressante perspective.

    Ciron

    26.11 à 09h49 - Répondre - Alerter
  • Corto Metis : Malheur démocratique

    Le problème avec le réchauffement climatique c’est qu’il n’a que faire de nos tergiversations et discussions stériles. On aura beau argumenter, palabrer autour d’un verre ou d’internet, passer du temps précieux à former la population... rien ni fera... le temps joue contre nous et la démocratie aussi !! aveugle qu’elle est à ne favoriser que les actions court-termistes des politiciens incompétents, eux -mêmes pieds et poings liés avec les lobby financiers et industriels qui se contrefoutent bien de tout ça.

    Une chose est sure lorsque les ennuis liés au réchauffement climatiques atteindront notre près carré, à ce moment là les acteurs locaux forceront les politiques à se bouger concrètement, mais d’ici là il sera surement trop tard, la 6ème extinction massive aura déjà commencée.

    Entre un gouvernement mondial utopique qui imposerait un mode de développement réellement durable et des acteurs locaux engagés, je ne vois pas vraiment comment régler les vrais problèmes environnementaux tant que l’égoïsme, l’ultralibéralisme et l’apologie de la compétition régneront en maître via la pensée-inique.

    23.11 à 11h10 - Répondre - Alerter
  • La plupart de ces commentaires sont consernants !
    Il y a en France 60 M de sélectionneurs pour l’équipe de foot nationale, qui sont aussi des climatologues (confondant souvent météo et climat, mais qu’importe), des économistes avertis, etc...
    Avec ça on n’est pas sorti des ennuis. Car les politiques ne regardant que leur nombril ou leur prochaine réélection, ces 60 M de français pétris d’égoïsme attendant pour de vrais faux prétextes que d’autres renoncent pour eux à leur mode de vie surexploitant la Mére Gé, on a "l’immobilisme en route et on est pas près de l’arréter"*.

    * Edgar FAURE

    22.11 à 08h04 - Répondre - Alerter
  • si je comprends bien la banque mondiale a investit dans le renouvelable, et pousse au développement du renouvelable ???
    laissons de coté le réchauffement..hypothétique...focalisons nous sur le CO2 et plus encore les énergies fossiles ?? qui peut croire que le monde va réduire volontairement ses émissions de CO2 ? Je ne parierais pas un cent la dessus..
    A mon avis la banque mondiale a surtout peur d’avoir fait un mauvais choix ...

    21.11 à 17h49 - Répondre - Alerter
  • Cet article est grotesque.

    4°, c’est la différence qui a exsité entre notre époque actuelle et la dernière ère glaciaire. Si la température augmente de 4° en moyenne, les conséquences seront autrement dramatiques qu’évoquées par cet économiste. Près de 60 % (estimations entre 45 et 70) des espèces animales et végétales actuelles disparaîtraient, on connaîtrait des situations de famine et d’épidémies, des migrations massives de population, etc.

    Annoncer 4° d’ici 2100, c’est un peu comme annoncer la fin du monde, c’est une vieille rengaine multi-culturelle.

    21.11 à 17h14 - Répondre - Alerter
    • La fin d’un monde vivable pour l’humanité surdimensionnée actuelle, c’est bien ce qui nous pend au nez ! Malheureusement, notre soif de développement est en train de nous perdre, un peu comme un virus qui ayant si bien prospéré sans se poser de question, aurait tué son hôte (la planète et son écosystème) et se retrouverait sans habitat pour vivre. Heureusement, un certain nombre survivront, mais dans des conditions bien plus difficiles qu’actuellement. A nous de tout faire pour que la descente (ou décroissance) soit la plus douce possible et se fasse sans trop de casse.

      23.11 à 12h35 - Répondre - Alerter
  • Je ne conseillerais trop à M. Stéphane Hallegatte de se contenter de faire son métier et de laisser la météorologie à des professionnels qui visiblement ne sont pas de son avis concernant ces prévisions.

    Juste pour rappeler quelques vérités que certains ne veulent pas entendre :
    Le CO2 ne représente que 0.039% de notre atmosphère. En 200 ans il a augmenté de 0.01 point. Et on nous annonce des hausses de température hallucinante ?
    Ah oui le taux mortel de CO2 est à 4.5% (soit plus de 100% le taux actuelle).

    Le premier gaz à effet de serre est la vapeur d’eau. Il est responsable des 3/4 des effets de serre...

    Le premier responsable de la hausse des océans est la dilatation dû à la chaleur et non pas la fonte de la glace. Au passage seul la glace continentale contribue à la hausse du niveau de l’eau (en gros Groenland et Pôle Sud). Le Pôle Nord n’influence en rien à la hausse du niveau des océans (expérience du glaçon dans un verre à raz bord qui ne déborde pas lors que le glaçon a fondu..)

    Il faudrait peut être renvoyer à leur études certains scientifiques auto proclamé.

    21.11 à 16h23 - Répondre - Alerter
  • Première raison, le soleil est en phase d activité importante

    Deuxième raison, combien d inventeurs et créateurs on fait des propositions pour des véhicules propre, par exemple le Niçois, qui a proposé le véhicule a air comprimé ( Plus de pollution du tout). En France on a racheté son brevet et on l’a mis au tiroir, et oui car comment l ’état pourrais gratter s il ne vendais plus son pétrole.

    Renseignez vous , on peu aussi créer sa propre électricité avec de simples aimants
    qui prendrais la place d une baignoire dans la cave d une maison pour de l’électricité a vie et a volonté. ( plus besoin de centrale nucléaire ou un minimum ) mais ça ferais plus de chômeurs !!!

    Il y en a encore plein des solutions comme celle-ci, mais on préfère nous rendre fautif
    avec des articles sur le réchauffement dans le but de nous taxer

    Nous taxer pour quoi faire ? rentrer de l’argent ?

    Avec quoi roulez vous ? un vélo ?

    21.11 à 15h24 - Répondre - Alerter
  • ...qui polluent joyeusement ce forum. Enfin, tant qu’ils ne polluent que cela. Ah non,zut aux Etats-Unis à force de polluer le débat ils ont réussi à intoxiquer l’opinion.

    Honte sur vous.

    21.11 à 14h43 - Répondre - Alerter
    • Apporter la contradiction dans un débat, c’est le polluer ?
      La climatologie est-elle un dogme ou un tabou ?
      Si, comme moi, vous pensez qu’il s’agit d’une (jeune) discipline scientifique, pour connaître les arguments de vos contradicteurs et y répondre - sur un autre mode que l’anathème - je ne peux que vous conseiller la lecture de ce site (un peu fouillis mais très documenté) : http://www.pensee-unique.fr/
      Cordialement.

      21.11 à 15h39 - Répondre - Alerter
  • non pas possible !!!! les gens avides de pognon commencent à s’inquiéter de notre belle planète !!!!! ceux-là même qui au nom du profit profitable l on massacré sans relâche. ils me font bien marrer !!!! comment vont ils pouvoir exploiter ses richesses maintenant pour se faire de l’argent. c est juste ça qui les inquiète !!!!! ha ha ha ha.

    21.11 à 12h57 - Répondre - Alerter
  • Pour ceux qui croient encore à l’arnaque du réchauffement dû aux émissions carbones un petit lien : http://www.liberterre.fr/gaiasophia...

    21.11 à 11h31 - Répondre - Alerter
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