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26-11-2012
Mots clés
Alimentation
France

Clea, blogueuse bio sans étiquette

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Clea, blogueuse bio sans étiquette
(Crédit photo : Bertrand Gaudillère pour « Terra eco »)
 
A 31 ans, elle est l’une des stars de l’art culinaire sur Internet. Les végétariens se pâment devant ses recettes aux inspirations japonaises. Mais la Grenobloise est du genre inclassable et s’épanouit aussi parfois avec un bon jambon bio. Rencontre sucrée-salée.
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ÉCOLOGIE SOCIÉTÉ ÉCONOMIE
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On avait imaginé une cuisine spacieuse, bardée d’ustensiles et d’accessoires, des piles de vaisselle dans l’évier et un méli-mélo d’odeurs sortant du four. On voyait même un jardin potager touffu. Ce matin-là, Clea ouvre la porte de son appartement, situé à quelques pas du campus universitaire de Grenoble, dans l’Isère. Au premier étage. Pas de potager, donc – « Je n’ai pas la main verte… » – mais une large vue sur les Alpes et le brouillard qui ne se lève pas. La cuisine, ouverte sur le salon, est impeccable. Rien ne dépasse, si ce n’est, timidement, quelques bocaux de céréales.

La jeune femme habite ici avec sa fillette de 3 ans et son compagnon. « J’ai choisi de vivre en appartement pour être proche de mon travail. La maison aurait été synonyme d’éloignement vers la montagne et donc d’utilisation exclusive de la voiture. » Clea parle comme elle écrit. Avec précision et humour. Un visage doux comme son regard, qui tranche avec son rythme effréné et la rigueur qui la guide. C’est peut-être l’arithmétique de son succès : elle est aujourd’hui une des blogueuses et auteures culinaires les plus lues. Son blog « Clea cuisine » reçoit chaque jour la visite de 7 000 internautes. Sa page Facebook compte près de 8 000 fans, et sur Twitter, elle est « suivie » par 2 500 passionnés.

La cuisine n’est pas son travail mais son « deuxième métier ». Ou plutôt « sa passion », se reprend-elle. Dans la vraie vie, Clea s’appelle Claire Chapoutot, diplômée de Sciences-Po Grenoble et titulaire d’un DESS en sociologie de l’alimentation. Employée à trois quarts temps à l’université de Grenoble, celle qui « trie [ses] déchets, composte [ses] épluchures, utilise les transports en commun, mais pourrait faire beaucoup mieux » devient, le soir et le week-end, Clea l’alchimiste aux recettes bios et végétariennes. Parfum raisins secs, gingembre confit-citron ou chocolat, on a l’embarras du choix avec ses muffins au kéfir. Au kéquoi ? « Au kéfir, du lait fermenté au goût proche du yaourt à boire. » Tarte salée aux figues, scones au fromage de brebis et graines de tournesol, brioche roulée au thé matcha… Pour les non avertis, ces recettes ont l’odeur alléchante de l’inconnu. Clea n’a pas toujours été une fana de la popote alternative : « Quand j’étais ado, ma mère cuisinait parfois des produits pas très adaptés, à l’époque, au palais occidental, comme le tofu ou le lait de soja, que je recrachais illico ! », sourit-elle.

Okonomiyaki et poulet teriyaki

La longiligne jeune femme a créé son blog en 2005, alors qu’elle vivait au Japon. C’est d’ailleurs ce pays qui est à l’origine de son surnom. Les Japonais ne parvenaient pas à prononcer « Claire », ils l’ont donc rebaptisée « Clea ». « Là-bas, c’était un défi quotidien de consommer bio car il fallait connaître les filières pour s’approvisionner », commente Clea, qui évoque, nostalgique, les colis de purée d’amande que sa mère lui envoyait. « C’est elle qui m’a transmis les bases d’une cuisine simple, à base de produits bios, frais et de saison. » Au Japon, elle apprend les recettes traditionnelles à base de choux, de pommes de terre ou de boulettes de riz, et elle les partage sur son blog. L’okonomiyaki, sorte de crêpe fourrée « au chou et au porc », signe l’une de ses premières apparitions sur la Toile.

Quoi ? Au porc ? « J’adore votre blog, mais de la viande ! Quelle horreur ! », réagit une lectrice à un autre plat carnivore, le poulet teriyaki. « En effet, c’est affreux ! Mon Dieu ! », ironise alors Clea en guise de réponse. Ce genre de remarques, la blogueuse les a entendues des dizaines de fois. Elle indique pourtant, sur son site, être « à 90 % végétarienne ». Et ajoute : « Je ne vous invite pas à le devenir si vous n’en avez pas l’envie ni la conviction. » « J’ai arrêté de consommer de la viande à l’adolescence par écœurement, explique-t-elle. Mais j’ai repris au Japon. Pour ne pas froisser mes hôtes, et aussi parce que j’en avais envie. » Clea met un point d’honneur à refuser toute étiquette. Pas question d’être cataloguée ! Parce que oui, parfois – certes, rarement – elle a du jambon (bio) dans son frigo. Parce que oui, d’autres fois, comme ce midi où l’on a déjeuné avec elle, elle commande un burger (bio) au restaurant.

« Tyran en cuisine »

« Clea parvient à ne pas être prisonnière de son lectorat. Si elle a envie de publier une recette avec du poulet, elle le fait. Elle n’est pas fermée », précise Estérelle Payany, journaliste et auteure culinaire, qui se définit comme une des « premières fans » de Clea. C’est d’ailleurs elle qui l’a poussée à publier ses recettes. Son premier livre, Agar-agar, secret minceur des Japonaises (La Plage), paru en 2007, s’est vendu depuis à 70 000 exemplaires. En cinq ans, l’infatigable jeune femme a publié seize livres, dont les deux derniers – Recevoir en bio et Solo et bio (La Plage) – sont parus à la rentrée. Préparer les bouquins est un travail de titan, qui lui demande une organisation très rigoureuse. Clea note au préalable toutes ses idées, piochées ici et là sur des blogs (américains, italiens, japonais…), puis les adapte.

Parfois, la logistique l’emporte sur sa créativité. La blogueuse ne va quasiment pas au marché, car elle préfère tout trouver au même magasin – 100 % bio – et ne pas perdre de temps. « Chaque fin de semaine, je réfléchis aux plats que je vais exécuter la semaine d’après, et je prépare une liste précise de courses. » Rigoureuse ou rigoriste ? Lorsque son compagnon, exceptionnellement autorisé à passer au magasin bio, l’appelle, Clea lâche, un brin pincée : « Je vous l’avais dit, il m’appelle pour savoir par quoi remplacer un ingrédient qui manque au magasin. » Puis s’explique : « Je suis un tyran en cuisine. Je ne lui laisse aucune place. »

Son blog est devenu un phénomène. « A chaque fois que je fais mes courses ou que je vais à Paris, on me reconnaît et on vient me dire : “ Vous êtes Clea ? Merci pour ce que vous faites. ” Même si ça me fait plaisir, je suis toujours étonnée. » Etonnée mais pas troublée. « Je ne suis pas militante. Je ne suis ni chef, ni nutritionniste, je n’ai donc aucune légitimité à part celle de partager ce que je sais faire. » —


En dates

1981 Naissance à Annecy (Haute-Savoie)

2002 Diplômée de l’Institut d’études politiques de Grenoble (Isère)

2004 Obtient un DESS en sociologie de l’alimentation

2005 Crée le blog Cleacuisine.fr

2007 Publie Agar-agar, secret minceur des Japonaises (La Plage)

2012 Publie Recevoir en bio et Solo et bio (La Plage)

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