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27-05-2004
Mots clés
Social
Société
France

Chômeurs, et fiers de l’être

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Ils sont une petite minorité. Convaincus du bien fondé de leur philosophie, ils refusent le travail et tentent d'échafauder un autre type d'existence. En porte-à-faux avec la mouvance actuelle qui sacralise croissance et productivité, ces "chômeurs heureux" assument leur différence. Controversée certes, mais terriblement téméraire. Terra economica les a rencontrés.
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Travail, du latin trepalium : instrument de torture. Pour Julien, informaticien âgé de 26 ans, l’étymologie du mot est sans équivoque. Cheveux en bataille, allure nonchalante, il a quitté voilà huit mois l’entreprise qui l’avait embauché après un troisième cycle en informatique. Cet ancien polytechnicien n’y tenait plus. Assez de concevoir des logiciels "sans intérêt", assez de "perdre son temps" dans les transports en commun... Brillant produit de la méritocratie républicaine, il avait d’autres rêves en tête : explorer l’intelligence artificielle, jouir de la liberté de créer, découvrir le monde, etc. "Je voulais vivre libre, sans contrainte, et surtout sans contrainte de production". Qu’à cela ne tienne, il quitte l’entreprise et la vie parisienne, et part s’installer sous les yeux éberlués de ses camarades de promotion dans une maison de campagne en banlieue. Au programme de sa nouvelle vie : informatique, rencontres de passionnés de son espèce, lecture, débrouille, etc. Sans complexe, il s’apprête à constituer un dossier pour toucher le RMI (389,10 euros pour une personne seule, ndlr). "Je préfère vivre de peu et faire ce qu’il me plaît. Je ne resterais peut-être pas toujours comme ça, mais là, je savoure ma liberté".

Vivre libre

Julien fait partie de ces spécimens que l’on appelle les "chômeurs heureux". Une infime minorité qui ressent comme une libération ce que la grande majorité vit comme un drame. Difficile de les dénombrer : ils se situent quelque part entre les demandeurs d’emplois régulièrement inscrits à l’ANPE, les abonnés aux emplois précaires - qui concernent un nombre grandissant de personnes difficiles à situer entre salariat et inactivité - et la cohorte d’anciens chômeurs découragés et radiés, qui ont définitivement déserté la recherche d’emploi. Leur point commun : ils ont choisi de ne plus mettre le travail au centre de leur existence et de vivre sans culpabilité des subsides de l’Etat providence.

Le droit à la paresse

C’est en 1996 que Guillaume Paoli, un Français de 45 ans, crée en Allemagne Le Manifeste des chômeurs heureux, suivi d’un livre, Plus de carotte, moins de bâton. Il anime aujourd’hui un site riche de références illustres, comme le Droit à la paresse de Paul Lafargue ou les situationnistes de Guy Debord (1). Depuis, le mouvement a fait des petits, avec le manifeste contre le travail du groupe Krisis (2), ou encore, de ce côté du Rhin, le site des chômeurs heureux, tenu par un certain Capitaine Flemme très en verve (3). En première page, ce dicton : "La fortune vient en dormant".

"Attention ! Danger travail"

Derrière le ton faussement rigolard, le site est un recueil de conseils pour démarcher auprès des Assédic et de combines efficaces. "Il faut savoir que c’est un thème récurrent depuis trente ans", affirme Pierre Carles, auteur d’un documentaire sur le sujet : Attention ! Danger travail. "Mais il était jusqu’à présent inaudible. Les politiques sont complètement obnubilés par le travail et la croissance. Depuis trois ou quatre ans, le thème du refus du travail revient en force avec la montée des emplois précaires et peu épanouissants pour les individus, qui n’ont pas forcement envie d’êtres télé-opérateurs chez SFR ou vendeur chez Mac Donald". Les réfractaires au métro-boulot-dodo, en marge de la majorité des chômeurs, ne font pas l’apologie d’une infamante paresse, mais rejettent les boulots précaires et mal payés, les travaux abrutissants, les petits chefs, les heures perdues à faire des heures, donnent à réfléchir sur la montée du phénomène des "travailleurs pauvres" dont ils sont l’une des conséquences, et questionnent le contenu et le sens du travail.

Fallait pas commencer

Au final, des individus très différents se reconnaissent dans le mouvement des chômeurs heureux. Ce peuvent être des personnes fraîchement licenciées qui profitent du bon temps qui leur est accordé, ou bien, comme Agnès, une informaticienne âgée de 31 ans, des futés qui alternent entre missions d’intérim et longues et savoureuses périodes de chômage. "En fin de compte, j’ai choisi de tirer parti de la précarité qui prévaut dans ce domaine professionnel, explique-t-elle. Ce n’est pas moi qui ai commencé ! Dès que je peux, je pars en voyage. Je ne cherche pas à m’exclure du marché du travail, au contraire. Juste à le remettre à sa place".

Travail vide de sens

Il y a ceux, qui, comme Michel, 45 ans, ancien commercial, ont définitivement délaissé des travaux pénibles pour des activités plus enrichissantes. "Je me sens bien plus utile dans la vie associative à aider ceux qui en ont besoin que dans un travail vide de sens, mal rétribué, qui, en plus, consiste à arnaquer les autres et dont personne n’a strictement rien à foutre", assène-t-il...

- ...LIRE LA SUITE DE L’ARTICLE

(1) www.diegluecklichenarbeitslosen.de/

(2) www.krisis.org/

(3) http://chomeursheureux.free.fr

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