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25-05-2011
Mots clés
Logement
France

Centre-ville cherche propriétaires en CDD

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Centre-ville cherche propriétaires en CDD
(Illustration : Olivier Marbœuf pour « Terra eco »)
 
Investir dans la pierre à Paris ? Mieux vaut avoir le porte-monnaie bien accroché. Et si la solution s’appelait la propriété temporaire ? L’acheteur loue le terrain à la ville et acquiert les murs à un prix défiant toute concurrence. Explications.
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Paris flambe-t-il ? Assurément. En dix ans, les prix de l’immobilier ont doublé dans la capitale. Aujourd’hui, à presque 8 000 euros le mètre carré dans l’ancien, n’est pas candidat à la propriété qui veut. Trop cher Paris. « Dans le neuf, les propositions des promoteurs se situent entre 10 000 et 15 000 euros le mètre carré. A ces tarifs-là, seuls 3 à 5 % des Parisiens sont susceptibles d’acheter », déplore Jean-Yves Mano. C’en est trop, ou plutôt pas assez, pour l’adjoint de Bertrand Delanoë chargé du logement : « Toute une population est exclue de l’accession à la propriété, jusqu’aux classes moyennes supérieures. Les politiques sont restés trop longtemps spectateurs. » Traduction : Paris brûle et nous regardons ailleurs.

Jean-Yves Mano, lui, se verrait bien pompier volontaire. Avec, pour lance à incendie, un concept très british : la propriété temporaire. Son principe ? L’acheteur acquiert les murs auprès d’un promoteur mais loue le foncier pour une durée déterminée (99 ans en France, variable en Angleterre). Grâce à ce bail emphytéotique, son petit nom en jargon immobilier, il conserve des droits quasi analogues à ceux d’un propriétaire classique : louer, faire des travaux, hypothéquer. Le bail est également cessible, vendable et renouvelable.

Système moyenâgeux

Sauf qu’en Angleterre, la propriété limitée ou bail à long terme, appelez ça comme vous voulez, n’a jamais été conçue pour éteindre la flambée immobilière. Le système, hérité du Moyen Age, a perduré, notamment parce qu’il « permet aux propriétaires de garder le contrôle de leurs biens sans les contraintes de la location à court terme », explique Chris Bond, agent (immobilier) de sa Majesté, basé à Londres. Mais remarque-t-il, « c’est amusant que Paris veuille lancer les baux à long terme quand les Anglais cherchent plutôt à en sortir ». En cause notamment, les problèmes rencontrés avec des proprios de terrain parfois peu coopératifs pour assurer l’entretien, par exemple.

Mais Jean-Yves Mano veut s’inspirer du modèle anglais sans en reproduire les écueils. Dans son schéma, la mairie reste propriétaire du terrain. La surenchère à laquelle se livrent les promoteurs pour l’acquérir est donc évitée. Ainsi, les charges foncières, « autour de 3 800 à 4 000 euros le mètre carré à Paris » d’après l’élu, sortent du prix de vente. Et avec un loyer du foncier assez léger, « par exemple 2 000 euros par an pour un 60 mètres carrés », la facture s’allège « d’au moins 40 % », assure-t-il. Abracadabra ! Pour casser la ronde infernale de la hausse continuelle des prix, Jean-Yves Mano veut également inclure dans l’acte notarié une clause de non-spéculation.

Où sont les terrains ?

Les professionnels de l’immobilier, qui voient là plus de clients potentiels, applaudissent. Quant aux Français, sont-ils prêts pour cette nouvelle forme de propriété, eux qu’on dit très attachés à la transmission patrimoniale. « Ça fait six ans que je pense à cette idée, et on m’a toujours répété que ça ne fonctionnerait pas à cause de cette tradition soi-disant bien ancrée. Mais ce n’est plus le cas », veut croire Jean-Yves Mano.

Dans les couloirs de l’Hôtel de ville de Paris, le concept fait son chemin. Un hic, les terrains municipaux disponibles pour la construction de ces biens sont rares : « une dizaine d’hectares en mutation » en tout et pour tout. L’adjoint ne vise pour le moment que 2 000 logements sur dix ans. « C’est symbolique », reconnaît l’adjoint-pompier. Mais ce serait déjà un verre d’eau contre la flambée immobilière. —


3 questions à Christophe Robert, délégué général adjoint de la Fondation Abbé Pierre

Que pensez-vous de cette idée ?

Ce n’est pas inintéressant. On ne peut que valider tous les outils qui permettent de diminuer les prix et de dissocier le foncier du bâti. Il existe d’ailleurs quelque chose d’assez similaire dans le logement social, où les collectivités prêtent le foncier. Et ça fonctionne.

Un objectif de 2 000 logements sur dix ans, n’est-ce pas un coup d’épée dans l’eau ?

Ce ne peut évidemment pas être la seule réponse à la crise du logement. D’autant qu’il faudrait en construire 70 000 par an. Mais il faut intervenir sur tous les volets. La ville de Paris agit sur le logement social et l’habitat indigne. Elle doit poursuivre ses efforts.

Quelles solutions prônez-vous contre la spéculation immobilière ?

Globalement, il faut absolument intervenir sur les prix. Sans ça, on ne s’en sortira pas. Dans le détail, des politiques comme « louez solidaire » (1) sont intéressantes. Il faut les multiplier.

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