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6-07-2006
Mots clés
Finance
Monde

Blanchiment de bas de laine

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Peut-on faire fructifier ses économies sans financer la pollution des océans ou contribuer à l'exploitation des enfants ? L'investissement socialement responsable s'y emploie. Et se révèle rentable.
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La Bourse ou l’éthique ? En France, l’an dernier, près de 10 milliards d’euros ont été investis dans des sociétés qui s’astreignent à respecter les droits de l’homme, l’environnement, et à se doter d’une bonne gouvernance, selon Novethic. Une démarche baptisée "responsabilité sociale d’entreprise" (RSE). Aujourd’hui, l’investissement socialement responsable, ISR, est proposé par des fonds de gestion comme Dexia AM, leader du marché en Europe. "Nous sélectionnons des entreprises sur la base de l’analyse RSE", explique Catherine Friedrich, responsable marketing ISR chez Dexia AM, "puis nous les intégrons dans une démarche d’investissement classique".

Nettoyez-moi ce portefeuille  !

Pour choisir les entreprises, les fonds s’appuient sur des agences de notation, comme Innovest ou Vigeo. Leurs analystes distribuent bonnes et mauvaises notes. Au programme : respect de l’environnement et des droits de l’homme. Mais les examinateurs passent également au crible gouvernance, gestion des ressources humaines et engagement sociétal des entreprises. Les critères sont définis selon le secteur. Exemple : « Les télécoms sont en pleine restructuration. Alors, nous accordons une grande importance à la manière dont ces sociétés gèrent les plans sociaux pour les salariés et le tissu économique local", explique Sylvain Vanston, responsable des secteurs médias, télécoms et technologie chez Vigeo. Du reste, les analystes ne se contentent pas d’éplucher les rapports annuels des sociétés. Ils sollicitent aussi syndicats et ONG. L’exercice comporte néanmoins des limites.

En effet, les spécialistes ne disposent que de sept jours environ pour passer chaque société au banc d’essai, et ce, tous les seize à dix-huit mois. Autre souci : ces mêmes sociétés peuvent acheter à Vigeo des audits en responsabilité sociale. Alors, l’agence a beau expliquer que ses deux activités sont strictement séparées, d’aucuns craignent qu’un gros contrat d’audit n’influence la notation.

Responsabilité rentable

Ces bémols n’ont pas empêché le montant de l’investissement responsable de quasiment doubler l’an dernier. En avril, le très sérieux Fonds de réserve des retraites a décidé d’y consacrer 600 millions d’euros. Avec d’autres gros investisseurs, il s’est aperçu que ces placements ne sacrifiaient pas la rentabilité à la vertu. "Tout le monde s’accorde à dire que l’ISR n’empêche pas la performance financière", tranche Stéphanie Giamporcaro-Saunière, responsable de la recherche ISR chez Novethic. "Les gérants de fonds ne constatent pas d’impact négatif". Et ce, d’autant que l’ISR n’exclut a priori aucun secteur, comme celui de l’armement, par exemple. Une stratégie de diversification, qui limite le risque financier. Mieux, Dexia AM espère démontrer que l’ISR est plus rentable que les autres investissements.

Où sont les investisseurs ?

Les particuliers, eux, pourtant gourmands de recyclage et de commerce équitable, se montrent circonspects. La faute aux banquiers ? "Leur offre n’est pas assez claire", commente François Fatoux, délégué général de l’observatoire sur la responsabilité sociale des entreprises (Orse), qui bâtit des outils pour aider les financiers à mieux communiquer. Une initiative qui intéressera ceux qui se sont engouffrés dans le marché, comme AGF AM, ou BNP PAM. Aujourd’hui, l’ISR ne représente encore que 1 % du marché de l’investissement : le potentiel reste énorme. En marge de ce que les banquiers qualifient d’ISR, il existe en effet mille façons d’investir utilement. Les fonds dits "éthiques", plus radicaux, choisissent notamment d’exclure de leurs portefeuilles certains secteurs jugés immoraux, comme l’armement. Ce sont les héritiers des austères Quakers américains, qui, au XVIIIe siècle, refusaient de financer la traite d’esclaves.

Autre pratique, acheter des actions pour peser sur les décisions des entreprises. Aux Etats-Unis, lors d’une assemblée générale de l’entreprise chimique Dow Chemical, deux actionnaires ont questionné le pédégé sur le dédommagement des victimes de l’explosion d’une usine chimique de Bhopal, rachetée par la société. L’un représentait Amnesty International, l’autre, un fonds américain. A chacun son investissement utile.

Lire : L’investissement socialement responsable, Frédérique Déjean, Ed. Vuibert, 2005.

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