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Au Togo, le plastique tient le haut du pavé

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Au Togo, le plastique tient le haut du pavé
(Les sacs sont mélangés à du sable et chauffés. La pâte est versée dans un moule, qui est refroidi à l’eau. Crédit photo : DR)
 
Pour que la capitale du pays redevienne « Lomé la belle », et plus « Lomé la poubelle », un Français et un Togolais déplacent des montagnes… de sacs. Et les recyclent pour la voirie.
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A Lomé, impossible de rater le marché des féticheurs, les barques des pêcheurs, les crevettes à la menthe et au citron… et les montagnes de sacs plastique qui s’élèvent, comme inexorables, dans les dépotoirs et les décharges. Ils y stagnent un temps avant de finir leur course dans le golfe du Bénin, où ils intoxiquent les poissons. La capitale du Togo est littéralement asphyxiée par les déchets plastiques. L’agriculture, le tourisme et l’économie en souffrent. Si bien que « Lomé la belle » est devenue « Lomé la poubelle ». Les autorités togolaises ont bien approuvé un décret en janvier 2010 pour interdire ces sacs, mais faute de solutions de substitution, les résultats ne sont pas au rendez-vous. Il y a trois ans, le Togolais David Chateau-Gaïtou et le Français Walter Gauvrit ont décidé de valoriser ces sales feuilles de polyéthylène. Comment ? En les recyclant en pavés ! (1)

« Faire des pavés de voirie, c’est répondre à une demande de l’Etat togolais et des collectivités territoriales, qui se sont lancés dans une ambitieuse politique de réaménagement urbain. Et ainsi assurer une viabilité au recyclage des plastiques », explique Walter, responsable de l’association française Aide au développement durable économique local. David dirige, lui, la structure togolaise Entrepreneurs en technologies appropriées nouvelles.

« Pape des plastiques »

L’envie de « faire quelque chose ensemble pour tous » remonte aux études bordelaises des deux amis, il y a près de vingt ans. Le déclic ? Un reportage diffusé sur France 24 en 2008 sur une usine situé à Mopti, au Mali. Une usine qui transforme le plastique en pavés selon le procédé Cervald (Centre d’études et de recherches pour la valorisation des déchets), né au Tchad en 1998. Concrètement, les sacs sont mélangés à du sable, et l’ensemble est chauffé progressivement. La pâte obtenue est ensuite versée dans un moule, qui est refroidi à l’eau. La technique – open source – a déjà essaimé au Niger, au Mali, et au Burkina Faso.

A Lomé, une association avait bien tenté de lancer une collecte rémunérée des sacs plastique. Mais elle dépendait entièrement des subsides publics et ne valorisait pas les déchets. Il fallait donc prendre les choses en main. David Chateau-Gaïtou échange d’abord avec celui qu’il s’amuse à surnommer le « pape des plastiques », Gilles Doublier, l’initiateur du Cervald. Il part aussi étudier le projet de Mopti en 2010 et y représente officiellement son pays. A son retour dans la capitale togolaise, une équipe de collecte est montée. « L’idée, c’est de proposer une version réévaluée du procédé Cervald. D’aboutir à un process non plus artisanal mais semi-industriel », souligne-t-il. Mais le chemin est pavé de difficultés. Il s’agit de maîtriser l’étape du chauffage sans que le plastique brûle, et de faire en sorte que les fumées ne se composent que d’eau et de CO2. « Nous travaillons sur un système de filtres pour sécuriser les émissions toxiques, détaille encore David. Notre objectif est de mettre au point un pack de production labellisé – module de chauffe, presse et protection individuelle – avalisé par une formation et mobile, pour être au plus près des foyers togolais qui ont l’habitude de brûler leurs déchets ! »

Plus résistant que le ciment

Au démoulage, le « pavé de Lomé » répondra à toutes les normes européennes et sera – d’après les premières études – six fois plus résistant qu’un pavé en ciment. Côté longévité, tous les voyants sont également au vert : les premiers spécimens Cervald ont aujourd’hui une bonne douzaine d’années et ils tiennent le choc !

Des emplois dans le sac

A l’arrivée, les bénéfices à retirer sont innombrables : des déchets sont valorisés, des habitants rémunérés pour leur collecte et d’autres pour leur recyclage. Chaque unité de transformation devrait en effet employer une vingtaine d’ouvriers. Sans oublier la disparition d’une pollution visuelle certaine, mais aussi sanitaire, car les sacs bouchent les caniveaux et bloquent le drainage des eaux usées ; ils étanchéifient aussi les sols et favorisent inondations et maladies (malaria, choléra, etc.). « La prochaine étape, raconte Walter, c’est la signature d’une convention entre nos structures et Appui pour la protection de l’environnement au Togo. Cette association a déjà une unité de transformation pour plastiques durs. Comme notre dessein, c’est d’essaimer, nous leur apportons notre savoir-faire dans le cadre d’un transfert de compétences. » Fruit de ce partenariat – si les deniers rentrent –, un atelier-école devrait bientôt sortir de terre. Et un jour au Togo, peut-être battra-t-on le pavé dans des rues sans sacs plastique. —

(1) Walter Gauvrit et David Chateau-Gaïtou ont reçu le « Coup de cœur pour la paix » lors de la conférence TEDx Basque Country 2011.

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