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2-03-2009

Archéologie : merveilles en péril climatique

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Temples, tombes, bijoux… Ils ont traversé le temps mais les yoyos du thermomètre pourraient leur être fatals.
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Eté 2006. Dans la chaîne sibérienne de l’Altaï, aux confins du Kazakhstan, de la Mongolie, de la Chine et de la Russie, des archéologues mettent au jour une sépulture vieille de plus de 3 00 ans. La découverte n’a rien d’exceptionnel. Ce sol éternellement gelé – le pergélisol – recèle en effet des milliers d’autres trésors de ce type. Ces tombes édifiées par les bergers nomades abritent des momies, des textiles, des bijoux souvent superbement conservés. Mais pas ce spécimen qui, repéré in extremis, est menacé par son dégel avancé.

Dévoré par les dunes

De nombreux sites préhistoriques risquent ainsi de disparaître en raison des bouleversements climatiques. Manquant d’inventaire précis, la présidence française de l’Union européenne (UE) en a présenté quelques morceaux choisis, en octobre au Parlement de Strasbourg, lors de l’exposition « Archéologie et changement climatique : un patrimoine menacé ». A travers le monde, il existe au moins une cinquantaine de sites en sursis : sur l’île grecque de Thasos, l’agora a les pieds dans l’eau. Au Soudan, les dunes dévorent lentement la nécropole de Méroé. Plus brutal, au Mexique, en 1995, un cyclone a dévasté le temple maya de Tabasqueños, tout juste restauré.

Objectif des scientifiques et historiens aujourd’hui : obtenir des pépettes de l’UE, non plus seulement dédiées à l’archéologie communautaire mais aussi au sauvetage de la mémoire universelle. Ces moyens, selon Henri-Paul Francfort, directeur de recherche au CNRS et conseiller scientifique de l’exposition, serviraient à « ouvrir une troisième voie entre l’archéologie préventive qui fouille les sites avant leur mise en chantier, et l’archéologie programmée qui se concentre sur des zones au fort potentiel historique. Cette archéologie mêlerait deux volets : l’un anticipateur, avec la réalisation d’inventaires, et l’autre réparateur, avec si possible la protection, le déplacement des vestiges, voire leur reproduction sur support numérique. Cet archivage est essentiel, sous peine de créer des générations de déracinés et d’amnésiques. »

Repérage par satellite

Le défi est titanesque. Dans l’Altaï, la première étape a consisté à établir un relevé topographique des sépultures, sur lequel on a superposé des images thermiques obtenues par satellite. Celles-ci ont permis de repérer les zones les plus gelées donc les plus intéressantes. Puis on a évalué l’état du pergélisol de ces aires, à l’aide d’un radar. « Ces informations permettent de choisir en fonction de l’urgence de la menace et de la répartition géographique des sites : on privilégiera ceux présentant des sépultures d’époques successives plutôt que des tombes isolées. Ce qui ne peut être préservé devra être fouillé et stocké. Le reste sera géré dans une perspective écotouristique, en réglementant l’accès de certaines zones », détaille Jean Bourgeois, chercheur à l’université de Gand (Belgique). Côté scénarios de sauvetage, on envisage la technique du thermosiphon. Un tuyau de 30 cm de diamètre fiché dans le sol suffit à obtenir cette réaction réfrigérante naturelle. Pas besoin d’électricité, ni de produit chimique. Une lueur d’espoir même si le projet est au point mort, faute de gros sous. L’Unesco et la Flandre ont financé une première phase de l’inventaire, soit 250 00 euros. Treize mille tombes ont été recensées dans huit vallées : une goutte d’eau sur ce territoire vaste comme trois fois la Belgique. La coopération entre experts et la prise de conscience des décideurs feront peut-être gagner la course contre le temps.

Les châteaux du Val-de-Loire à l’eau ?

L’intensification des phénomènes naturels fait craindre pour le patrimoine du Val-de-Loire situé en zone inondable. Selon un inventaire réalisé en 2003 dans le cadre du Plan Loire, une crue exceptionnelle pourrait endommager 698 monuments et objets culturels, en particulier 200 d’entre eux. Fait aggravant : les eaux charrieraient des hydrocarbures et autres produits industriels. Malgré des efforts de sensibilisation via des simulations en 3 D et des appels aux élus pour la création d’un protocole d’évacuation, aucun de ces sites ne semble préparé, sauf l’abbaye de Fleury, à Saint-Benoît-sur-Loire, qui travaille à un plan de mise en sécurité.

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