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8-06-2010
Mots clés
Agriculture
Etats-Unis
Reportage

L’éco-tourisme à la ferme, version côte Ouest

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L'éco-tourisme à la ferme, version côte Ouest
(Photo : La ferme Quetzal. Crédit : Anne Sengès)
 
Produits bio et défense des petits producteurs contre les spéculateurs immobiliers : « Terra eco » part à la rencontre des pionniers de l’agriculture durable en Californie. Récit.
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ÉCOLOGIE SOCIÉTÉ ÉCONOMIE
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Berkeley, Californie, capitale des bourgeois-bohèmes, le 3 juin dernier. Rendez-vous a été fixé à 8h30 chez Gather, un restaurant logé dans l’enceinte de l’Ecology Center, un bâtiment qui abrite des associations écolos. Le petit déjeuner 100% bio est la première étape du « Farm to Fork Tour » (de la ferme à la fourchette), journée d’éco-tourisme organisée par Bay Area Green Tours, le spécialiste des excursions écologiquement correctes. Chez Gather, des ardoises géantes suspendues aux murs rappellent la philosophie de ce resto éco-chic. Tous les produits qui atterrissent dans les assiettes proviennent d’une demi-douzaine de fermes du coin, toutes adeptes de l’agriculture bio et dont les noms sont listés sur l’ardoise. Amis carnivores, soyez rassurés : la côte de porc servie au petit déjeuner provient d’un cochon élevé avec amour par un fermier qui ne l’a pas non plus gavé d’antibiotiques. Et la frittata (un plat proche de l’omelette) qui l’accompagne est composée d’œufs frais provenant de poules joyeuses. Quant aux melons et à la salade sur laquelle se jettent les quelques vegans du groupe, ils sont bien entendu « pesticide free ».

Ganesh protège les passagers

Mais si le breakfast est l’occasion de faire connaissance avec les 39 personnes participant à cette excursion, toutes plus écolos les unes que les autres, l’ambiance reste studieuse : des conférenciers ont pour tâche de sensibiliser aux enjeux de l’agriculture biologique. Ariane Michas, jolie blonde qui dirige l’association CAFF (Community Alliance with Family Farmers) distribue des autocollants « Achetez frais, achetez local » à coller sur son pare-chocs ainsi qu’une série de mini-cartes à disperser dans les restaurants. « Si vous voyez sur le menu des tomates en février, inscrivez sur une de ces cartes un commentaire à l’attention du restaurateur indiquant que servir des fruits qui ne sont pas de saison est une aberration », suggère-t-elle. C’est ensuite au tour de Yonathan Landau, jeune étudiant de l’université de Berkeley qui cultive un look soixante-huitard de parler de son combat. Membre fondateur du « Berkeley Student Food Collective, mouvement qui a réussi l’an dernier à empêcher l’implantation de la chaîne de fast-food Panda Express sur le campus de l’université, il raconte aux éco-touristes que son mouvement a réussi à lever 130 000 dollars (109 000 euros) pour monter une coopérative qui ouvrira ses portes à la rentrée prochaine et ne servira que des mets bio.

Petit déj savouré, tous les inscrits montent dans un bus diesel qui roule à l’huile végétale. Jonathan, le chauffeur, assure que les passagers sont entre de bonnes mains : Ganesh, dont la statue trône sur le tableau de bord, est là pour les protéger. Certains se mettent d’ailleurs à invoquer le dieu hindou à tête d’éléphant quand Jonathan peine à négocier un virage sur une route étroite bordée d’un précipice. Au bout du chemin, le Devil’s Gulch Ranch, ferme du comté de Marin au nord de San Francisco. En descendant du bus, scène insolite : un homme masqué conduit un tracteur… Mark Pasternak, le propriétaire du Devil’s Gulch Ranch, ferme comprenant des hectares de vignobles, explique sans complexe avoir recours à l’herbicide Roundup, le produit phare de Monsanto, faute de meilleure solution. Son ranch est pourtant un lieu où l’on pratique une agriculture humaine et durable. On y élève cochons, lapins et chevaux. Sa femme Myriam, vétérinaire de formation, rentre tout juste d’Haïti où elle aide la population à élever des lapins. L’éolienne qui trône au milieu des vignes est, elle, condamnée à l’immobilité : un couple de hiboux y a érigé son nid.

Le mouvement Slow Money investit dans l’agriculture durable

Retour dans le bus écolo en direction de County Line Harvest, une ferme certifiée biologique gérée par David Retsky, un jeune fermier au parcours étonnant. Fils de médecin, il a été élevé à Beverly Hills, le quartier des chirurgiens esthétiques à Los Angeles. « C’est pour fuir cet univers que je suis devenu fermier », confie-t-il, tout en racontant avoir trouvé sa vocation lors d’un séjour prolongé dans un kibboutz israélien. David cultive salades romaines, basilic, tomates, fraises, betteraves et oignons sur les 14 hectares qu’il loue aux propriétaires du Red Hill Ranch. Ce superbe ranch, aux mains de la famille de Kitty Dolcini depuis 1857, attirait la convoitise des prometteurs immobiliers, avant d’être sauvé il y a deux ans par le Marin Agricultural Land Trust (Malt), une organisation à but non lucratif dont la mission est de protéger les terres agricoles du comté de Marin et d’assurer la survie des fermes familiales. Kitty Dolcini reçoit le temps d’un pique-nique éducatif avec sandwichs fourrés aux œufs de la ferme. Pendant ce temps, une représentante de Malt explique que son organisation acquiert les terres (pour 45% de leur valeur) mais garantit en échange qu’elles resteront à perpétuité aux mains des fermiers.

Troisième et dernière étape : la ferme Quetzal, nommée ainsi en l’honneur de l’oiseau national du Guatemala, où le propriétaire de la ferme a passé quelques années. Ici, les tomates sont cultivées sans avoir recours à l’irrigation, selon la méthode du « dry farming ». Dans le bus du retour, Ana Toepel et Marissa LaMagna, les organisatrices de l’excursion, encouragent les participants à rejoindre le mouvement Slow Money. Son objectif : investir dans l’agriculture durable en privilégiant notamment les exploitations agricoles familiales tout en luttant contre le court-termisme, fléau des temps modernes. Car le bonheur est dans le pré…

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Correspondante de « Terra eco » en Californie, Anne Sengès est l’auteur de « Eco-Tech : moteurs de la croissance verte en Californie et en France », paru en novembre 2009 aux éditions Autrement.

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