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4-09-2009
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Reportage

A Paris, une épicerie sociale craint pour son avenir

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A Paris, une épicerie sociale craint pour son avenir
 
Après la fermeture de son magasin du 18ème parisien, la Courte échelle est l'une des rares épiceries sociales en activité dans la capitale. Or, l'État vient de retirer sa subvention.
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C’est à la frontière du périph’, à portée d’oreille des embouteillages et d’un chemin de fer que s’ouvrent chaque matin les portes de la Courte échelle. Là, dans un joyeux brouhaha créé par une flopée de bénévoles seniors, des hommes et femmes viennent remplir leurs paniers... à prix bradés. Un produit vaisselle, un paquet de pâtes ou une plaquette de beurre pour un euro. Une crème anti-rides ou un rôti de bœuf pour 3 ou 11 euros. "Je viens de m’acheter un super blouson pour 10 euros. Et il va me tenir super longtemps", s’enthousiasme Guy, aide soignant et pompier volontaire. Avec deux enfants à charge et une compagne intermittente du spectacle, l’homme avoue avoir du mal à joindre les deux bouts. "Dans un supermarché, certaines de nos familles dépenseraient 300 euros par semaine. Chez nous, quand elles ont dépensé 60 ou 70, c’est le bout du monde. Et avec ça, elles peuvent tenir huit jours !", souligne Danielle Gagnon, la volubile patronne de l’association.

Mini prix mais ils font les maximum

Des courses moins chères mais pas de charité. "C’est moins honteux de venir à l’épicerie sociale que d’aller chercher un colis chez Coluche ou au Secours Populaire. Ici, vous payez vos courses", explique Mme Gagnon. "Je suis allée pendant deux mois aux Restos du Cœur quand ma fille était bébé. Mais c’est vraiment de la pitié. Si je viens ici, je paye. Beaucoup ou pas beaucoup. Mais dans ma tête je suis tranquille", confirme Fatima, femme de ménage, venue faire quelques achats à la Courte échelle. Les marges de l’association sur les prix des produits sont rognées au minimum. C’est grâce aux dons que les comptes parviennent à s’équilibrer. Fidèles parmi les fidèles, les industriels Coca Cola ou Henkel (produits ménagers, comestiques, lessives...) font cadeau à l’association de leurs palettes endommagées ou de leur produits marqués d’une étiquette promotionnelle passée de date. Ailleurs, Monoprix et Printemps livrent au coup par coup. Dans les rayons de l’épicerie sociale, des petits ours, vestiges des vitrines de Noël du grand magasin haussmanien se vendent pour quelques euros. En fait, l’offre de la Courte échelle change de couleur au rythme des semaines. Une seule exigence : la qualité. Car l’association refuse le trop gras ou le trop sucré et exige de ses bénéficiaires qu’ils respectent un certain équilibre alimentaire. "On conçoit très bien que les gens aiment les chips ou le coca. Mais on fait attention à ce qu’ils prennent aussi des laitages. Si la personne ne respecte pas ce principe, on la renvoie vers l’assistante sociale et puis on prend quelqu’un d’autre", explique Danielle Gagnon.

Passer la main

A jongler entre les déstockages et les donations, la Courte échelle a atteint peu à peu l’équilibre. Mieux, elle a tiré 6 000 euros de bénéfices en 2008. Mais l’horizon se gâte. Pour 2009, l’État a supprimé sa subvention, soit 15 000 euros annuels. Motif invoqué ? "Nos missions nous obligent à nous recentrer sur des activités plus axées sur des personnes à la rue", précise la lettre de la Dass envoyée à l’association. Au détour de la suppression, l’épicerie a fermé sa boutique du 18ème arrondissement. Pour supprimer le poids d’un loyer et d’une assurance supplémentaire et resserrer les besoins en marchandises. "On ne pouvait pas faire autrement", confie Dominique Poirel, en charge des finances et de l’administratif, et l’un des deux salariés de l’entreprise. Reste 40 000 euros versés chaque année par la ville de Paris. Mais les années à venir risquent d’être plus sombres. A 63 ans, Danielle Gagnon est une retraitée désormais bénévole et compte bien s’arrêter un jour. Dominique Poirel doit prendre sa retraite dans deux ans. Les bénévoles eux sont sexa ou septuagénaires. Alors après ? "Il faudrait une équipe pour prendre le relai. Mais c’est compliqué. Il faut à la fois savoir décharger des camions, gérer l’administratif ou interpeller les élus", explique Dominique. "On ne trouve personne, regrette Danielle. L’épicerie existe depuis quinze ans. C’est une belle expérience. Mais qui risque de s’arrêter avec nous." Or les épiceries sociales se font rares. A Paris, s’il n’en reste que quatre, beaucoup n’ouvrent que quelques heures par semaine et limitent le nombre de leurs bénéficiaires aux confins de leur quartier. "Nous, on a les services sociaux de la ville de Pantin ou de Saint-Ouen qui nous appellent mais on ne peut pas faire face", regrette Mme Gagnon. La Courte échelle limite son rayon aux habitants du 17, 18, 19 et 20ème. Mais pour combien de temps encore ?

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