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16-03-2015
Mots clés
Multinationales
France
Reportage

A Oléron, la possibilité d’une île sans McDo

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A Oléron, la possibilité d'une île sans McDo
(Le centre-ville de Dolus-d'Oléron. Crédit photo : Claire Baudiffier)
 
Uniformisation du territoire, emplois précaires, contre-modèle agricole… Une partie des habitants de Dolus-d'Oléron s'opposent à l'installation d'un fast-food de l'enseigne sur leur commune.
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ÉCOLOGIE SOCIÉTÉ ÉCONOMIE
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Mise à jour le 8 avril 2015 : La commune de Dolus-d’Oléron (Charente-Maritime) annonce, dans un communiqué de presse, avoir refusé le permis de construire pour l’enseigne McDonald’s.

Dans les villes, les campagnes, les montagnes, sur les autoroutes. En France, McDonald’s est partout. Partout ? Non ! Il reste quelques territoires qui résistent encore à l’envahisseur. Les îles métropolitaines. De la Corse à Oléron, de Ré à Belle-Ile, pas de fast-food vert et jaune en vue. Du moins pour le moment… A Dolus-d’Oléron (Charente-Maritime), un projet est en cours, mais ne fait pas l’unanimité. L’histoire commence il y a un peu plus d’un an. Quelques jours avant les élections municipales de mars 2014, une pétition contre l’installation d’un McDo circule sur Internet et recueille plus de 3 500 signatures (la commune compte 3 200 habitants). Un collectif anonyme se créé et dénonce cette – potentielle – implantation, alors non connue des habitants. Dans le viseur notamment des opposants, un élu municipal, Philippe Villa, candidat aux élections pour l’équipe sortante, dont la famille détient le terrain qui accueillerait le futur fast-food. Des affiches sont placardées avec ce slogan : « Votez Ronald ». Le 23 mars, la liste divers gauche emmenée par Grégory Gendre (1) crée la surprise et l’emporte avec 56% des suffrages face à celle de la municipalité en place.

Retour en arrière. En février 2014, un mois avant les élections, le géant du burger dépose un permis de construire pour un restaurant à Dolus-d’Oléron, sur une zone d’activités économiques. « Cela s’est fait après des semaines et des semaines de discussion, explique Manuel Rama, ancien adjoint chargé de l’urbanisme. On leur a cassé les pieds avec l’aspect architectural, en exigeant, par exemple, un toit avec des tuiles, et non un toit plat. » Le permis allait donc être signé, mais la nouvelle équipe arrivée aux manettes de la ville – ainsi que la communauté de communes de l’Ile d’Oléron – émet un avis défavorable pour un problème de gestion des déchets. Quelques mois plus tard, en octobre, une nouvelle demande de permis est déposée.

« Quelle image va-t-on donner ? »

« Pendant ces six mois pour instruire le permis, explique Grégory Gendre, l’actuel maire, l’idée était de débattre, de se poser la question : “Qu’est-ce qu’on veut manger ? Qu’est-ce qu’on ne veut pas ?” Derrière cette implantation, c’est tout un système que l’on souhaite, ou non, cautionner », rajoute cet ancien de Greenpeace, dont la commune est impliquée depuis peu dans l’association Un plus bio, qui plaide pour plus de bio dans la restauration collective.

Sur Internet, chez les commerçants, entre eux, les habitants discutent du projet, avec souvent un avis très tranché. Jean-Michel Arnaud, gérant du bowling de Dolus-d’Oléron à côté duquel devrait s’installer l’enseigne, « ne conçoit pas que l’on puisse interdire aux gens de manger ce qu’ils veulent ». Léa Deraedt, 22 ans et un projet pour devenir maraîchère en tête sous le bras, a créé la page Facebook Pas de McDo sur l’île d’Oléron : « Leur nourriture est pleine de cochonneries, d’huiles… Nous n’avons pas besoin de ça. » Séverine, 36 ans, coiffeuse, : « Je ne vois pas l’intérêt pour un citadin de venir sur l’île pour manger la même merde qu’il peut manger chez lui. Quelle image va-t-on donner d’Oléron ? »

Est-ce la peine d’avoir un McDonald’s, comme partout ailleurs en France ? Telle est la question qui revient souvent dans la bouche des Oléronais. « L’architecture des McDo banalise les territoires, c’est dommage, c’est hideux et grotesque », estime Monique Vidalenc, présidente de la Société de protection des paysages de l’Ile d’Oléron. « C’est surtout une locomotive pour les commerces alentour », s’exaspère de son côté Philippe Villa, l’élu municipal d’opposition visé l’an passé par les opposants. L’homme, particulièrement remonté, brandit également l’argument de l’emploi : « Il y en a cinquante à la clé ! Lorsque McDo avait organisé un forum de rencontres à Pôle emploi, il y avait une file d’attente jusque dehors ! »

Circuits courts contre gros céréaliers

« Des créations d’emploi, oui… et après ? On ne parle jamais de la pérennité de ce genre de postes qui ne sont pas des temps complets. Qui peut vivre avec un mi-temps ? », répond Jean-Pierre Bouron, de l’association des commerçants du pays Marennes-Oléron, résolument opposée au projet. Christine Nadreau, présidente du Groupe d’échanges, de développement et d’animation rurale (Gedar), association qui vient de se regrouper avec cinq autres pour fonder le Collectif d’associations contre l’implantation de McDonald’s (Cacimado) est, quant à elle, « chagrinée » : « En tant qu’agriculteurs, nous cherchons au maximum à développer les circuits courts sur l’île, sur les marchés, dans les petits magasins… Voir arriver McDo, qui soutient l’agriculture industrielle, n’a que des contrats avec des gros céréaliers et des centrales d’achats, ne me réjouit pas et va à l’encontre de nos projets de territoire. » Malheureusement, la multinationale, contactée à de multiples reprises, n’a pas souhaité s’exprimer sur ce dossier. « Un registre où chacun peut exprimer son opinion a été déposé en mairie avant une soirée-débat publique en avril. Nous suivrons alors les avis pour délivrer, ou non, le permis de construire », précise Grégory Gendre, le maire de Dolus-d’Oléron. Dans l’histoire, un seul restaurant McDonald’s n’est pas sorti de terre après une mobilisation citoyenne. C’était à Paris, dans le IIe arrondissement, en décembre 2013.

(1) Grégory Gendre est actionnaire minoritaire de la SAS Terra Economica, maison éditrice de Terra eco.

A lire aussi sur Terraeco.net :
- « Promis juré, les frites McDo sont faites avec des pommes de terre (mais pas que) »
- « “McDonald’s cible les gamins dès 2 ans” »
- « Ronald McDonald est-il un serial killer- ? »

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  • Le chant des sirènes est toujours séduisant, jusqu’à ce que ...
    - L’argument des emplois est bidon : que du précaire jetable et sous-payé, genre esclave.
    - La consommation locale l’est tout autant : les patates sont de la plus mauvaise qualité qui soit, importée de Pologne ou d’ailleurs, produite à grand coups d’engrais et de pesticides, et c’est la même chose pour la viande, bourrée d’hormones et d’antibiotiques.
    - La friture, c’est de l’huile de palme dont la production ravage l’Indonésie (déjà plusieurs îles stérilisées !)
    - nous avons l’expérience des milliers de ces lieux déjà implantés en France, demandez leur avis aux voisins qui doivent en ramasser les déchets éparpillés aux alentours, et voyez les bas-côtés des routes envahis.
    Mac Do se dit non responsable de ces comportements-là, sauf que si ; parce que, à bouffer de la cochonnerie, on devient forcément cochon.
    - Enfin, le fric : Mac Do gagne des fortunes en France, mais il paye ses impôts (pas beaucoup, rassurons-vous) au Luxembourg, paradis fiscal astucieusement créé au coeur de l’ Europe pour les requins de son genre.
    Je viens souvent en vacances sur l’île, depuis longtemps, et cela me chagrinerait beaucoup d’y trouver une de ces enseignes.
    J’ajoute que je ne vais jamais non plus au bowling.

    14.04 à 12h40 - Répondre - Alerter
  • L’enseigne détient déjà un fast food sur la commune de Marennnes, c’est suffisant.
    L’île a beaucoup de difficultés à trouver sa place, à se positionner.
    Coincée entre les "purs oléronais", les résidents secondaires et les "baignassous"expression locale....les attentes sont multiples, souvent contraires.

    Sur la question Mac Do, il ne faut pas céder. C’est la perte d’identité de l’île qui se joue, même au prix de l’emploi. Mac Do ne recrute que des "jeunes" en cours de formation sur des temps partiels. Comment paye-t-on son loyer dans ces conditions ?

    La filière bois a peut-être des idées pour créer des emplois ?
    La filière horticole a peut-être des idées pour créer des emplois ?

    11.04 à 09h32 - Répondre - Alerter
  • Au dela de la volonté de mac do de faire du fric parceque nous parlons d’intérêts financiers et seulement d’intérêts financier, a qui profite sur l’ile plus précisément à Dolus ? à la famille Villa nous ne parlons que des intérêts de cette famille mais, quels étaient les commerces présents avant, un Netto durée de vie moins de 2ans, un chantier naval fermé également.
    De plus, prenez deux minutes et constatez l’état du bassin en proximité de l’ex netto, une déchèterie à ciel ouvert, que croyez vous que nous allons trouver des l’implantation du mac do des déchets, pensez vous qu’ils vont les nettoyer ? c’est peu probable.
    L’ile de ré s’est organisée par des décrets exigeants en matière d’esthetique, de propreté de sécurité afin d’éviter ce type d’implantation inutile pour la qualité de l’ile d’Oléron, faisons de même.
    Ne vous laissez pas aveugler par une image angélique seulement tourné vers leurs propres intérêts financiers.

    4.04 à 14h15 - Répondre - Alerter
  • Pas de McDo dans l’ile d’Oléron,
    les restaurateurs de l’ile sont capables de fournir une restauration variée , de qualité, proche d’une agriculture gérant le mieux possible notre territoire. et ils emploient du personnel.

    C’est tous qui devons relever le défi et nous sommes tous concernés et
    la CDC et les maires des 8 communes.

    Le pouvoir de cette multinationale est énorme

    .

    21.03 à 09h31 - Répondre - Alerter
  • Je suis totalement contre la construction d’un Mcdo sur l’île. Y venant en vacances depuis toute petite, c’est un lieu naturel où l’ont se dépayse totalement et surtout où l’ont peut manger sainement. Cela gâcherait tout, et effectivement il y a déjà un macdo à la sortie de l’île, il est donc inutile d’en reconstruire un. De plus, au niveau esthétique, un macdo n’irait pas du tout avec le style de maisons qu’il y a. Il y a des macdo partout, inutile de "forcer" avec un nouveau et de détruire l’île d’Oléron avec leurs déchets.

    17.03 à 21h19 - Répondre - Alerter
  • je suis contre l’implantation de mac -do, gardons au moins une ile propre non souillée
    Olèron est superbe , arretons cette mal bouffe , profits de financiers qui se foutent des petits commerces de l’ile

    17.03 à 13h24 - Répondre - Alerter
  • D’autant qu’un MAc Do est présent juste à la sortie de l’île, alors pour les envies irrépressibles, y’a pas beaucoup de chemin à faire...

    17.03 à 09h47 - Répondre - Alerter
  • Ce qu’on ne réalise pas forcément avant : l’impact d’un Mac-do sur la pollution, le nombre de sacs et emballages souillés jetés par la fenêtre dans les fossés...Un sacré retour en arrière : ce type de consommation favorise ce type de comportement régressif. Après implantation d’un Mac-Do dans le Gers, j’ai vu de ces sacs éventrés jusque dans un rayon de 10 km...Sur une île, sur les rivages, j’imagine les dégâts : bienvenue à la boîte de Big Mac dégoulinante de ketchup gisant sur la plage au petit matin, parmi les restes de frites et les gobelets en plastique...

    16.03 à 13h55 - Répondre - Alerter
    • Et donc, d’après vous, le problème vient-il du MacDonald ou bien de ses clients ? Car à ce compte là, autant interdire la vente des packs de 12, car on en retrouve dans tous les champs agricoles ! La plupart de ces emballages sont au moins biodégradables.

      16.03 à 15h49 - Répondre - Alerter
      • Des packs de bière dans tous les champs ! Je compatis, je me demande où l’on trouve ce phénomène inquiétant, car je vis dans une zone agricole moi-même, et je ne tombe pas sur des décharges de canettes à chaque pas, par contre les sacs Mac-do, j’en vois tous les jours. Et quand bien même : comme je l’ai écrit dans mon message, il me semble que c’est ce mode de consommation "drive" qui induit ce type de comportement régressif, non ? Les quelques jeunes fêtards qui picolent au volant et balancent des canettes sont (dieu merci) bien moins nombreux que tous les jeunes ou moins jeunes qui vont se retrouver avec une poubelle sur le siège avant, sans trop savoir qu’en faire....Mais je pense que je peux continuer à vous expliquer le sens de mon message tant que je veux, ça sera pas la faute à Mac-do, n’est-ce pas ?

        17.03 à 19h09 - Répondre - Alerter
      • La responsabilité client/entreprise est partagé il me semble.
        Je ne crois pas impensable l’idée de remettre en cause la liberté d’entreprendre de boite comme McDo, en les faisant participer à assumer les conséquences de ce qu’ils incitent comme comportements, à mon sens, malsains. Il n’y a rien de choquant, en cas de refus de participation de leur part, à limiter leur liberté de proposer tous les moyens possibles pour promouvoir leur modèle économique néfastes à plusieurs égards : environemental avec l’augmentation des déchets, sanitaire avec la qualité alimentaire, social avec la standardisation qu’ils ont peu à peu fait passer comme immuable, agricole avec le modèle productiviste mortifière sur lequel repose leur rentabilité.
        Je me permet d’intervenir sur le sujet car, au moins sur l’aspect environnemental, j’ai pu constater depuis au moins 3 ans une importante augmentation des déchets de "nourriture" à emporter autour de chez moi, en milieu semi-urbain. Au moins 50% proviennent du McDo, et 95% sont des produits sans aucun intérêt nutritionnel. Constater cette évolution marquée me rend tout à fait favorable à une limitation voire un blocage du développement de ce genre d’enseigne et de produit.

        La partie de responsabilité du client me semble relever d’un autre débat que le sujet du présent article. De mon point de vue elle est plus une conséquence, plus ou moins directe, de la pauvreté intellectuelle dans laquelle la société libérale basée sur l’échange commercial, et partant l’utilisation du marketing, tend à maintenir la plus grande partie possible de la société. Mais cela relève plus des sujets soulevés par les articles autour des propos d’Edgar Morrin.

        23.03 à 14h13 - Répondre - Alerter
    • Bonjour, tout à fait d’accord. Forestier de métier, je confirme que l’on retrouve les déchets McDo dans tous les espaces naturels. Je suis allé voir l’enseigne (dont on ne peut jamais voir les responsables) pour qu’ils ramassent au moins une fois par semaine : jamais rien. C’est trop facile de dire que c’est de la faute aux clients ! Mais les "boites à pizza" ont le même comportement, l’écologie ils ne connaissent pas, juste le fric ... avec de la mal bouffe !

      17.03 à 07h17 - Répondre - Alerter
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