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30-09-2011
Mots clés
Environnement
France

A Amiens, l’art renverse les jardins flottants

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A Amiens, l'art renverse les jardins flottants
(Crédit photo : Laurent Rousselin - Amiens Métropole)
 
A travers des performances paysagères, le festival Hortillonnages fait redécouvrir aux visiteurs ces territoires entre îlots et canaux.
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ÉCOLOGIE SOCIÉTÉ ÉCONOMIE
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Le vernissage fut plus plumes et poils que paillettes. Il y a trois mois, à Amiens, quelques jours avant l’ouverture de la deuxième édition du festival Hortillonnages (1), les équipes de paysagistes invités ont découvert d’étranges visiteurs dans leurs œuvres. Les ragondins étaient vautrés dans la salade de l’Atelier Roberta, dévastant consciencieusement la performance artistique et potagère. L’une des deux îles de l’installation le Jardin d’Erode était, elle, devenue inaccessible, un cygne ayant eu l’idée d’y pondre ses œufs… L’équipe de la maison de la culture d’Amiens, créatrice de l’événement, commence à être rodée aux difficultés de cet exercice en plein air : offrir aux habitants et visiteurs d’Amiens l’occasion de faire ou refaire connaissance avec les hortillonnages à travers un parcours artistique.

300 hectares d’îlots et canaux

Cette année, 28 installations de jeunes créateurs, paysagères et plasticiennes, ont pris place dans les jardins flottants de la capitale picarde. 19 ont été créées pour cette nouvelle édition, mais 9 sont issues de l’édition passée. Aménagement d’île ou œuvre plantée dans l’eau marécageuse, leur évolution, au fil du temps, fait partie de la gageure. « Ici, nous invitons les artistes à réfléchir à une idée pérenne : à travers la manifestation, nous créons un patrimoine », commente Gilbert Filinger, directeur de la maison de la culture d’Amiens. Car le patrimoine, précisément, prend l’eau.

Les hortillonnages d’Amiens se rétrécissent comme peau de chagrin. Ce territoire de 300 hectares d’îlots et de canaux fut jadis un vaste marécage. Drainé, défriché et aménagé en parcelles sorties de l’eau à main d’homme, il devint, à partir du Moyen-Âge, une zone de production maraîchère. Il y a un peu plus d’un siècle, plus d’un millier d’agriculteurs cultivaient ces jardins. Quand Francis Parmentier, 45 ans, était enfant, il y en avait encore une trentaine. « Les grandes surfaces venaient s’approvisionner en légumes trois fois par semaine au marché flottant ! », se rappelle-t-il. Aujourd’hui, il est l’un des sept hortillons, maraîchers des hortillonnages, qui ont survécu au dépeuplement agricole.

Cabane belvédère

Car ici, le métier est rude. Semis et récoltes doivent transiter par barque entre le port à fumier et les parcelles. Impossible de mécaniser le travail. Peu de chance donc de faire front, face aux bas prix des légumes de masse. « Mais la terre est si riche que tout pousse à une allure folle : les légumes sont plus tendres, infiniment plus goûteux », ajoute Francis Parmentier.

Pas assez hélas pour créer des vocations, malgré les efforts d’Amiens métropole pour racheter des terres et les louer à petits prix aux jeunes qui souhaiteraient s’installer. Au fil des ans, une partie des hortillonnages s’est muée en jardins privés d’agrément, pour les barbecues familiaux du dimanche. Une autre est désormais en friche. « Or, ici, la nature est hostile, sous l’effet de la pluie et du vent, la terre s’érode, explique Francis Parmentier, devenu conseiller technique du festival. Une parcelle non-entretenue peut perdre jusqu’à un mètre de largeur de berge à l’année. » La problématique n’a pas échappé au collectif le Téléphone vert. Sélectionnés par la maison de la culture, ces quatre artistes ont hérité d’une très petite île, délaissée depuis vingt-cinq ans, étiolée mais adoptée par les poules d’eau. Les concepteurs ont utilisé des branches de saule pour créer un fascinage, un tressage périphérique et vivant, destiné à retenir les berges mais aussi à créer un cordon naturel propice à la nidification.

Leur Ile retrouvée ressemble à un atoll inaccessible aux humains. Parallèlement, une poutrelle de bois, d’un jaune vif, a été installée, comme un squelette visible au milieu des arbres. « Nous voulions jouer sur la curiosité et la frustration : attirer le regard et révéler la beauté de l’île aux visiteurs, tout en la protégeant », détaille Sébastien Roussel, l’un des artistes du groupe. Les deux paysagistes, Laurent Fayolle et Noël Pinsard, ont, eux, choisi de bâtir sur leur île une cabane belvédère. Leur création emporte le visiteur dans un univers enfantin de Robinson, tout en guidant le regard vers la contemplation des paysages des hortillonnages. Gilbert Filinger rêve, lui, de construire des ponts reliant îles et œuvres les unes aux autres. Accroché à la barre de son moteur électrique, le directeur de la maison de la culture sillonne les canaux un œil déjà tourné vers la troisième future édition. « L’avenir est là-dedans ! », lance-t-il, en désignant une île friche, façon jungle picarde. —

(1) Jusqu’au 15 octobre.

Sources de cet article

- Le site d’Hortillonnage Amiens 2011, art, ville et paysage

- Sous l’appellation « Les ‘tcho légumes des hortillons », les légumes de Francis Parmentier et des hortillons sont vendus chez Auchan et une fois par semaine au marché flottant.

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