publicité
haut
Accueil du site > Actu > Techno > 7 pistes pour attraper le carbone
28-10-2009

7 pistes pour attraper le carbone

Taille texte
{#TITRE,#URL_ARTICLE,#INTRODUCTION}
7 pistes pour attraper le carbone
 
Sous terre, en mer, par les airs : scientifiques et ingénieurs redoublent d'efforts pour se débarrasser de l'indésirable CO2. Mais les Nations Unies ont rappelé récemment qu'avant de créer de nouvelles (et coûteuses) techniques, on pouvait également (et d'abord) protéger et améliorer les puits de carbone naturels.
SUR LE MÊME SUJET

1. Le captage et la séquestration du carbone (CSC)

Le principe est simple : capturer à la source les émissions des gros pollueurs (comme les centrales à charbon ou les cimenteries) et les injecter dans le sous-sol, par exemple dans des anciens gisements de gaz. C’est la méthode qui semble plébiscitée par les gouvernements, qui allouent des milliards aux projets, et l’industrie, qui voit là un marché considérable. Notamment en France, où des géants comme Total, Alstom, GDF Suez et EDF sont sur les rangs. Mais dans les faits, le CSC est loin d’être mature, technologiquement comme financièrement. L’agence internationale de l’énergie (AIE) a publié ce mois-ci une feuille de route en forme d’appel aux financements gouvernementaux : les pays de l’OCDE doivent selon elle allonger 4 milliards de dollars supplémentaires par an dans les dix prochaines années pour soutenir le développement de cette technique. A l’heure actuelle, on ne compte que 6 installations opérationnelles et il faudra encore attendre au minimum 2015 pour les premières réalisations à l’échelle commerciale.

2. Minéraliser le CO2

On prend les mêmes et on recommence : on capture, on transporte, on injecte. Sauf que là, une réaction chimique se déclenche : et paf, ça fait du calcaire ! Dans la tête des chercheurs depuis plus de dix ans, l’idée a franchi le pas de l’expérimentation en 2008 avec le projet Carbfix en Islande, qui injecte le CO2 dans du basalte à partir des émissions d’une centrale géothermale. Et en novembre de la même année, deux géologues de l’Université Columbia ont découvert la roche qui pourrait se révéler idéale pour de telles expériences à grande échelle : la péridotite. Dans les résultats de travaux menés à Oman, ils estiment que le gisement de péridotites y absorbe naturellement 10 000 à 100 000 tonnes de CO2 par an et que sa capacité pourrait s’élever à quatre milliards de tonnes par an avec des injections artificielles.

3. Le biochar

Pour des esprits habitués à voir dans le charbon l’antithèse de l’écologie, l’idée peut dérouter. Mais elle repose sur une logique imparable : les végétaux absorbent du carbone, qu’ils rejettent ensuite dans l’atmosphère lors de leur décomposition. En utilisant un procédé de pyrolyse, c’est à dire en les brûlant sans oxygène, on peut récupérer 50% de ce carbone sous forme de "charbon végétal" afin de l’enfouir. Ce à quoi s’ajoute, selon les partisans du biochar, deux avantages : l’opération produit de l’huile et du gaz, qui peuvent être convertis en carburants, et ce charbon végétal améliore la productivité des sols. Comme pour les biocarburants de deuxième génération, il s’agirait d’utiliser les résidus forestiers et agricoles. Mais avant de crier au miracle, il faudra encore préciser un nombre important de points : quelles sont réellement les propriétés du biochar, ses effets possibles sur la santé et l’environnement, comment agit-il sur les sols, est-il viable économiquement et surtout, à quelle échelle peut-il être étendu ? Pour l’instant, seuls quelques chercheurs anglo-saxons se penchent de près sur ces questions.

4. Les arbres synthétiques

Si le charbon a mauvaise image, les arbres ont eux plutôt bonne presse. Mais pourquoi se contenter d’un bon vieux chêne quand on peut appeler la technologie à la rescousse ? C’est l’idée de la compagnie américaine Global Research Technologies (GRT), qui a développé un dispositif de "capture aérienne de CO2" 1 000 fois plus efficace qu’un arbre, selon l’un des fondateurs, Klaus Lackner. Après dix ans de travail, l’équipe avait présenté un premier prototype en 2007. Sans succès. Depuis, GRT affirme avoir amélioré son dispositif en remplaçant la soude par un sorbant "presque idéal". La compagnie a dévoilé en juin une "vue d’artiste" de la bête, qui ressemble à tout sauf un arbre, et a annoncé des chiffres : pour 30 000 dollars, celle-ci pourrait absorber 1 tonnes de CO2 par jour. Après tout, il s’agit donc bien d’une forêt : plus de 100 millions de machines seraient nécessaires pour capter l’équivalent des émissions humaines. Faites le calcul...

5. Fertiliser les océans

Microscopique, le phytoplancton n’en est pas moins vorace en carbone. Au moment où l’acidification des océans le menace, plusieurs scientifiques et compagnies proposent d’envoyer des navires lui larguer de quoi se requinquer. Au menu : du fer, du cuivre, du phosphate, de l’azote… Attention, méthode controversée. Les essais commerciaux font l’objet d’un moratoire de la convention de l’Onu sur la biodiversité depuis mai 2008. En octobre 2008, la convention de Londres sur la pollution des océans avait donné sa position : la recherche est légitime, sous réserve d’être autorisée au cas par cas, suivant un cadre réglementaire à définir. En attendant, les études se sont donc poursuivies, suscitant parfois la polémique, comme l’expédition indo-allemande Lohafex qui a déversé six tonnes de sulfate de fer dans une zone de 300 km2 de l’Atlantique Sud. A l’issue de son sommet annuel, qui a lieu ces jours-ci, du 26 au 30 octobre, la Convention de Londres devrait publier des règles précises pour encadrer cette activité.

6. Le carbone bleu

Après cette avalanche de technologie, revenons à des méthodes qui ne demandent ni milliards de recherche, ni installations industrielles. En octobre, le Programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE) a appelé les gouvernements à mettre en place "un fonds Carbone bleu destiné à l’entretien et la restauration des principaux écosystèmes marins". Dans son rapport, le PNUE évalue que le potentiel de ces mesures à près de 2 milliards de tonnes de CO2 par an, soit 10% des réductions d’émissions nécessaires pour limiter le réchauffement à +2°C. Le PNUE constate en effet que "loin d’entretenir et de favoriser ces puits de carbone naturels, l’humanité les détruit et les dégrade à vitesse accélérée". En bonus : les océans, et notamment les zones côtières, rendent de nombreux services, le premier étant de nourrir en grande partie 400 millions de personnes dans les pays les moins avancés. Il n’était pas inutile de le rappeler.

7. Le carbone vert

Changement de couleur et place au carbone vert. Les puits de carbone terrestres peuvent eux aussi donner un coup de pouce, comme le montre un rapport du PNUE publié le 5 juin dernier à l’occasion de la journée mondiale de l’environnement. La réduction de la déforestation, la restauration des sols et des terres dégradés, la protection des tourbières ainsi que de meilleures méthodes d’agriculture font partie des principales voies identifiées. Au total, l’équivalent d’un quart des objectifs de réduction d’émissions pourraient être remplis par les carbones bleu et vert. Mais pour cela, il faudra que les négociations de Copenhague accordent une vraie valeur monétaire à ces opérations de restauration des écosystèmes.

A lire aussi dans Terra eco :
- Le point sur les projets de séquestration de carbone en France
- Ces géoingénieurs qui veulent refroidir le globe
- Rajendra Pachauri, président du GIEC : "Ces techniques ne résoudront pas le réchauffement climatique"

Faites réagir vos proches, diffusez l'info !
Vous aimez Terra eco ? Abonnez-vous à la Newsletter

Journaliste, collaborateur régulier pour Terra eco.

1 commentaire
TOUS LES COMMENTAIRES
COMMENTAIRES SÉLECTIONNÉS
RÉPONSES DE LA RÉDACTION
Trier par : Plus récents | Plus anciens
Affichage : Voir tout | Réduire les discussions
PUBLIER UN COMMENTAIRE

Un message, un commentaire ?

  • Se connecter
  • Créer un compte

publicité
1
publicité
2
    Terra eco
    Terra eco
publicité
3
SPIP | squelette | | Plan du site | Suivre la vie du site RSS 2.0
publicité
bas